La commune de Paris (1)
À l'occasion du 150 anniversaire de la Commune de Paris, nombre de publications sont partagées sur Facebook, quelques-unes touchant au compagnonnage. Au-delà du drame national que furent la guerre de 1870 puis la Commune, dont les blessures restent vives même si elles ont été comme anesthésiées par les deux guerres mondiales, on peut regretter que l'activisme de gauche, dont quelques compagnons et francs-maçons contemporains aiment à cultiver la posture, quelquefois jusqu'à la caricature, ait quelque peu fait oublier le fait que, d'un point de vue historique, les engagements des uns et des autres à cette époque ont été des engagements individuels et non pas collectifs. De ce fait, tous les compagnons et tous les francs-maçons ne se retrouvèrent pas du même côté des barricades, bien qu'étant majoritairement républicains. Tous ne furent pas victimes — dont il est bien confortable aujourd'hui de se proclamer les héritiers…
Concernant plus particulièrement les compagnons, n'oublions pas que ceux qui avaient terminé leur Tour de France étaient généralement devenus des artisans installés, c'est-à-dire qu'ils étaient à leur tour devenus plus ou moins des "salauds de patrons", des "salauds de bourgeois", etc. Le grand républicain que fut Agricol Perdiguier en 1848 désavoua sans hésitation l'appel de la "Fédération des francs-maçons et des compagnons de Paris" en 1871. La grande George Sand elle-même, qui avait tant contribué à la cause républicaine et à la reconnaissance des compagnonnages, tint elle-aussi des propos anti-communards pour le moins glaçants. Mais l'histoire apprend à prendre du recul sur les évènements et les passions humaines, à moins de vouloir l'instrumentaliser au profit des ambitions politiques actuelles.
Pour rectifier en douceur quelques idées reçues, je vous conseille donc vivement la lecture de cet article de Laurent Bastard, bien documenté et, comme toujours, très pondéré. Cliquer sur le lien suivant :
Illustration : la manifestation des francs-maçons et des compagnons sur les barricades le 26 avril 1871 (gravure parue dans "Le Monde illustré" du 6 mai).