On racontait jadis...

On racontait jadis de fort belles histoires
Où les temples étaient blancs et les esclaves noires,
Où les soirs entouraient leur glycine aux colonnes,
Au chant d'un rossignol envolé de Vérone.

 

Si nos frères de jadis savaient être poètes,
Trahissant d'un frisson l'aurore à son réveil
Et s'arrachant le coeur pour l'offrir au soleil,
Comment leurs héritiers peuvent-ils être si bêtes?

 

Comment nos mots sacrés ont ils été privés
De toute poésie? Comment l'intelligence
A-t-elle fait, peu à peu, place à l'insignifiance?
L'élitisme maçon est un mot du passé.

 

Il y a trop de nains confits de suffisance
Qui préfèrent à l'azur celui de leurs cordons
Et dont l'hypocrisie tient lieu de tolérance.
Beaucoup n'ont de maçons rien d'autre que le nom.

 

On ne peut que pleurer un rêve qui finit,
Car le temps des poètes s'est éteint avec eux.
Pour se faire initier, il ne faut plus d'esprit,
Monsieur Jourdain ferait un franc-maçon heureux.

 

L'almanach des cocus devient réglementaire,
Dans le Rite Ecossais, pour faire un dignitaire,
Et beaucoup d'ateliers dans les normes du jour
Sont peuplés de muets, d'aveugles ou de sourds.

 

Le verbe s'est fait cher pour tous ces indigents
Qui résonnent à tous vents et qui se croient plus grands
En ayant un secret qu'ils n'ont jamais compris
Et des titres plus longs que leur petit outil.

 

Et le verbe s'est tu, ce qui fait qu'aujourd'hui
Au soleil de midi les maçons sont petits,
Car l'ombre des poètes leur donnait la grandeur,
Et c'est à midi plein que toute ombre se meurt.

 

Aimé LEN



20/11/2007
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