Pourquoi le franc-maçon préfère-t-il à toutes choses la justice ? 24.01.2025

 

 

 

« La franc-maçonnerie a pour but de lutter contre l’ignorance sous toutes ses formes ; c’est une école mutuelle dont le programme se résume ainsi : obéir aux lois de son pays, vivre selon l’honneur, pratiquer la justice, aimer son semblable, travailler sans relâche au bonheur de l’Humanité et poursuivre son émancipation progressive et pacifique ».

Les vertus qui sont annoncées au moment de l’initiation sont : sagesse, force, beauté, prudence. Sagesse dans nos desseins, prudence dans nos élans.

Un peu plus loin dans cette cérémonie d’initiation, il est dit : « nous ne vous abandonnerons pas, aussi longtemps que la Vérité, la Justice, la Discrétion et l’Amour fraternel vous resterons sacrés. »

L’équerre, emblème de la rectitude, nous inspire la droiture dans nos pensées et dans nos actions. Cette équerre est le symbole de la loi Morale.

Le compas symbolise la sagesse de l’esprit, la mesure dans la recherche de la Vérité.

 

L’instruction au 1er degré précise :

-       « Quels sont les devoirs d’un FM ? : Fuir le vice et pratiquer la Vertu

-       Comment un FM doit-il pratiquer la Vertu ? En préférant à toutes choses la Justice et la Vérité. »

Un peu plus loin, il est dit : « Dans la société au milieu de laquelle nous vivons, les vérités essentielles sont entourées d’ombres épaisses. Les préjugés, l’ignorance et l’injustice la dominent. La force ou la ruse y prime le droit. »

Enfin, « si je devais y manquer (à mes devoirs maçonniques), d’avoir la langue tranchée et la gorge coupée, et d’être jugé comme un individu dépourvu de toute valeur morale et indigne d’appartenir à la FM »

 

LA JUSTICE REUNIT A ELLE SEULE L’ENSEMBLE DES VERTUS :

 

La justice n’est rien sans la sagesse, la Vérité, l’amour, l’humilité, le don de soi, la clémence, la tempérance, la prudence

Elle n’est rien sans la force et la beauté. Elle n’est rien sans l’amour notamment fraternel.

Aristote nous apprend : « Dans la justice est en somme toutes les vertus ».

 

La Justice n’est pas l’égalité ; elle est bien plus :

 

 

Dans le monde profane, on se trompe souvent en parlant de la justice car cette vertu est confondue avec l’égalité.

L’histoire nous montre qu’au fur et à mesure du temps, plus l’égalité augmente et plus le sentiment d’injustice se renforce.

Au moyen-âge, en Europe, l’égalité n’existait pas. L’inégalité était même extrême et pourtant il semble que le sentiment d’inégalité et d’injustice n’existait pas à l’époque.

En effet, selon certains historiens sociaux, à cette époque, le sentiment de justice était dominant. Le seigneur était riche mais avait le devoir premier de protéger ses vassaux et ses cerfs. Cela était perçu comme juste et bon dans une époque où les grands dangers et la mort (espérance de vie réduite, décès infantile, pillage, guerres féodales, épidémies…) étaient le lot commun et habituel en Europe.

Le Seigneur féodal faisait son office y compris au péril de sa vie. Le collectif primait sur l’individu ; l’homme n’était compris et appréhendé que dans le groupe et au regard de son utilité pour le groupe.

Avec l’effondrement de l’esprit chevaleresque et protecteur, la noblesse a perdu de son utilité, devenant un fardeau avec ses privilèges exorbitants qui ne reposaient plus que sur son sang et non pas sur sa force et sa protection. Elle ne rendait plus de service, elle ne rendait plus justice.

Le siècle des lumières est la prise de conscience de ce changement en même temps que la notion d’égalité a bouleversé la perception de la justice et de son corolaire, l’injustice.

Pour autant, justice et égalité ne se recoupent que partiellement. La Justice n’est pas l’égalité ; l’égalité peut même confiner à l’injustice. Être juste, c’est reconnaitre les talents et reconnaitre à l’autre tout le ou les mérite (s) qu’il possède.

 

Nous sommes tous égaux en droit et parfaitement inégaux en nature.

 

Rendre justice, c’est accepter les inégalités physiques (pourquoi est-il si beau ?), sportives (pourquoi est-il un champion ?), de santé (pourquoi n’est-il jamais malade ?), psychique (pourquoi est-il nourri de cette force psychologique qui le protège de la souffrance morale ?), puissance intellectuelle (pourquoi est-il doté d’un 

esprit si brillant ?), puissance scientifique (c’est un génie de la science), génie artistique (pourquoi possède-t-il ce don en peinture, sculpture, musique, littérature, œuvre cinématographique…).

 

La justice c’est reconnaitre les talents des autres plutôt que de les envier, plutôt que de les jalouser. Il y a lieu même de les célébrer. C’est aussi se rendre justice en s’acceptant tel que l’on est.

 

La justice : une vertu toute tournée vers autrui pour œuvrer au bonheur de l’humanité.

 

La justice est une vertu complète car elle réunit en un tout l’ensemble des Vertus.

L’homme juste n’est pas celui qui use de la justice pour lui-même mais pour les autres ; et c’est là que l’exercice est difficile : pratiquer la justice à l’égard d’autrui.

Rendre justice est un exercice de pratique de la vertu incessant dont l’exercice doit toujours être renouvelé continuellement et poursuivi tout son chemin durant.

Elle exige un travail incessant sur soi-même et par soi-même pour tenter d’atteindre l’inatteignable, à savoir être par tout temps vertueux vis-à-vis des autres et pour les autres.

C’est le chemin, la progression qui importe par rapport à soi-même et sans se comparer aux autres Ce n’est pas le but qui reste uniquement un objectif lointain puisque nous sommes humains donc imparfaits par naissance et essence. Le but d’être juste est inatteignable pour le commun des mortels

Rendre justice, c’est être juste vis-à-vis des autres, dans nos actions, nos jugements, nos conduites et nos relations avec et envers les autres.

La justice est bien la plus parfaite des vertus, puisqu’elle tend à « aimer son semblable, travailler sans relâche au bonheur de l’Humanité et poursuivre son émancipation progressive et pacifique » et finalement participer à la réalisation du meilleur entre les hommes, de l’amélioration de leur condition, de la condition humaine.

 

La justice est la vertu de toutes les vertus :

 

« Pratique la justice en actes et en paroles. Ne t’accoutume point à te comporter dans la moindre des choses sans réfléchir. » (Pythagore, Les Vers d’or suivi de Hiérocles).

L’homme juste est celui qui n’attente pas à l’autre et qui même contribue à rendre l’autre meilleur.

La justice est le droit du plus faible. C’est en cela qu’elle ne coïncide pas toujours et totalement avec la justice de notre pays et des lois qui la régissent.

Obéir aux lois de son pays, ce n’est pas rendre justice à soi-même et aux autres dès lors que ces lois sont oppressives, injustes et bafouent les droits et libertés naturelles et fondamentales.

La justice est alors de les combattre pour le bien de l’humanité au péril de sa vie. Qui en est capable si ce n’est quelques hommes justes, héros plus ou moins célèbres, connus ou anonyme dans l’ombre. Souvenons-nous des Justes parmi les Justes ; ceux qui ont caché et protégé des juifs sous l’occupation au péril de leur vie.

Être juste c’est la réunion de toutes les vertus : « sagesse, force, amour, vérité, tempérance, prudence » ; vertus intellectuelles et morales pour penser et juger juste.

L’homme n’est ni bon ni mauvais, il doit tendre à être juste pour que la vie soit bonne ; sa vie et celle des autres. Ce qui est bon pour l’homme c’est qu’il soit rendu juste. Il est bon pour l’homme que d’être juste car la justice est salutaire et porteuse de sens créateur de vie et de progrès. 

 

La Justice est transmutation en transformations successives dans une élévation édifiante et constructive de la vie, pour la construction d’un monde meilleur. Devenir meilleur est une nécessité, car « qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour » dit Confucius.

La Justice est invitation au merveilleux voyage initiatique de la vie…

 

La vertu de justice est la première des quatre vertus cardinales, car elle porte en elle la notion de juste milieu qui est symbolisé par la balance. C'est cette position de juste milieu que l'on retrouve dans les trois autres vertus cardinales, que ce soit la tempérance, la prudence, ou la force.

S’il est une vertu dont s’habille la justice, c’est celle de la sagesse : la sagesse est l’appréciation juste des choses par la clairvoyance, le discernement et la capacité d’ouverture à la vérité.

Être juste, c’est aussi la tempérance qui découle elle-même de la prudence. C’est la maitrise de soi, de ses passions et de ses pulsions. Cela implique modération, mesure et équilibre en toute chose.

Être juste nécessite la force, c’st à dire la persévérance dans l’accomplissement du devoir.

Être juste c’est utiliser la Beauté en recherchant l’harmonie, l’équilibre, l’équité.

 

La justice, c’est s’atteler à rendre le monde meilleur et écarter la vengeance

 

Dans nos loges, dans nos travaux en loge à nos différents degrés, nous apprenons que la justice, vertu de toutes les vertus, est le levier pour rendre meilleure l’humanité ; seul moyen de distribuer du bonheur, de la joie et de l’allégresse dans nos cœurs, dans la cité et dans la vie.

Il ne s’agit pas de se rendre justice à soi-même mais d’éviter la vengeance et c’est probablement l’exercice le plus difficile : éviter la vengeance pour accepter, accompagner et rendre justice.

Il ne s’agit pas d’être juste pour soi-même ; cette vertu doit être tournée vers les autres dans nos actions, nos jugements, nos relations avec autrui.  

La vengeance, est un thème cher à notre communauté. Rendre le mal par le mal, c’est rester en état d’esclavage de ses pulsions et de son aveuglement. La justice est omniprésente dans notre parcours maçonnique. Nous sommes invités à dépasser le sentiment de vengeance pour découvrir et privilégier la justice : punir des crimes mais sans vengeance.

Serais-je capable de ne pas me venger si l’on assassinait les êtres qui me sont les plus chers ? C’est la problématique que doit affronter celui qui reste et qui a tout perdu par la faute d’assassins. Mes frères, j’ignore si j’en serais capable mais le fait de me poser la question, c’est déjà être en mouvement , en chemin.

 

L’amour de la justice ou la justice est amour ?

 

Ce que la maçonnerie nous demande, c’est de promouvoir la justice.

L’homme idéal est juste et bon. Il ressent en lui-même la justice. Être juste c’est penser le bien pour soi-même et surtout pour autrui.

« L’Homme juste produit la justice hors de lui parce qu’il porte la justice en lui » nous dit ALAIN.

 

Et si les lois protègent les inégalités et les privilèges, s’y soumettre c’est être injuste et renoncer à sa conscience. C’est s’enfoncer dans les ténèbres.

La justice est symboliquement représentée par une femme avec un bandeau sur les yeux, une balance dans une main et dans l’autre un glaive ou en épée.

Le bandeau nous indique qu’elle n’est pas toujours juste et que l’équilibre de la balance est un exercice périlleux et difficile à atteindre. Il est nécessaire d’accompagner la justice par un acte d’amour, l’amour de l’autre, des autres.

La justice est à la recherche de la vérité, vérité impossible à atteindre mais c’est le chemin de et vers la justice qui importe.

La justice est indissociable de la morale ; celle qui nous permet de porter notre regard sur celui de l’autre.

La justice est tout sauf la vengeance humaine.

Blaise Pascal nous dit : « il y a deux sortes d’hommes, les uns justes qui se croient pêcheurs, les autres pêcheurs qui se croient justes ».

 

La justice est universelle parce qu’elle repose sur la défense des lois naturelles et fondamentales perçues par chacun dans notre for intérieur.

La justice est un combat incessant entre les ténèbres et la lumière.

La justice, c’est la fraternité et la démocratie.

Loin des ténèbres, œuvrons pour un monde plus juste par amour des hommes.

 

E:. H:.

24/01/6025



29/01/2025
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 126 autres membres