que l'amour règne parmi les hommes (10.09.6025)
Comment démarrer mieux cette nouvelle année que par cette exclamation lorsque l’on voit ce qui se passe aujourd’hui de par le monde, la mort, la haine de l’autre, l’antisémitisme grandissant ou se réveillant dans toutes les sphères politiques et autres… Alors parler d’amour est important pour moi.
« Alors, que l’amour règne parmi les hommes ! » Que cela signifie-t-il ?
Cette exclamation de fin des travaux émise par le premier surveillant, vient après « que la paix règne sur la terre » du vénérable maitre et avant celle du second surveillant « que la joie soit dans les cœurs ».
Elle évoque un souhait profond pour un monde meilleur où l’amour et la bienveillance domineraient.
D’ailleurs différentes formes d’amour sont intégrées dans nos rituels et nos enseignements maçonniques, contribuant ainsi à l’épanouissement personnel et collectifs des Frères.
Quelques exemples :
L’amour du prochain : lequel va au dehors des murs de notre loge. Un amour universel qui inclut tous les êtres humains quel que soit leur origine, leurs croyances ou leur statut social.
L’amour fraternel : l’amour le plus important pour moi, un lien de solidarité et de soutien mutuel entre les membres de la loge.
L’amour de la connaissance : La quête de la vérité et de la sagesse qui nous poussent dans une quête de réflexions. Essayer de comprendre les mystères de l’univers et améliorer notre compréhension du monde et de nous-même.
L’amour spirituel : Cet amour inconditionnel et désintéressé souvent associé à la charité et à la bienveillance nous encourage à développer cet amour en nous et à le manifester dans nos interactions avec les autres…
Et il y en a d’autres…
Par contre, l’amour dans les textes sacrés est une injonction ! Tu aimeras ton prochain comme toi-même, aimez-vous les uns les autres. On n’a pas le choix, aimez! Tu aimeras ! C’est un ordre, un
commandement.
Dans cette idée, cette exclamation du premier surveillant n’aurait-elle pas cette même résonnance ? Car il ne s’agit pas d’un vœu, d’un espoir mais c’est plutôt : « faites en sorte que l’amour règne parmi les hommes ! »
Mais peut-on obliger, forcer quelqu’un à aimer les autres ?
D’ailleurs on pose comme préalable : « que la paix règne sur la terre ! » Est-ce aussi un ordre ?
On ne peut pas faire la paix tout seul, il faut que l’autre partie ait la même démarche… Cela n’est pas le cas de l’amour !
La paix résulte d’un intérêt mutuel bien compris !
La paix se nourrit du respect de l’autre, on ne peut pas faire la paix si l’une des deux parties hait l’autre et veut le voir disparaitre de la Terre !
Il faut pour que la paix existe que les parties aient la Liberté d’y souscrire.
Sinon le ferment de la guerre demeure !
Comme vous pouvez le constater les conditions de la paix sont moins évidentes que celles de l’amour.
On conçoit alors que « la paix règne sur la terre » soit un cri d’espoir et ne peut être en soi un commandement auquel on ne peut astreindre l’autre.
La paix est donc la condition première de la relation à autrui. Si il n’y a pas la paix alors l’amour du prochain sera limité par le risque encouru par celui à qui l’ordre est donné d’aimer.
Sans paix on peut difficilement aimer pleinement l’autre car le danger ou l’insécurité limite cet amour. Sans paix, même les plus nobles valeurs, comme l’amour du prochain, deviennent presque inaccessibles.
Mais est-ce que cela suffit ?
Non ! Il faut que l’amour règne sur la Terre.
Là, la force du commandement « AIME » devient totale. Tu as fait la paix alors tu vas faire le chemin vers l’amour.
Mais, peut-on obliger quelqu’un à aimer l’autre, à aimer les autres ?
Et pourquoi devrais-je aller plus loin puisque maintenant j’ai la paix ?
Qu’est-ce que veut dire « aimer son prochain » ?
Puisqu’il s’agit d’un ordre, il y a obligatoirement un contenu, sinon cela ne voudrait rien dire.
Ce contenu peut varier selon les traditions philosophiques ou spirituelles. L’important est qu’il engage dans un rapport concret à l’autre.
Il faut en effet définir la signification de l’amour pour pouvoir en parler et le commander.
Si c’est un sentiment, on ne peut pas le commander. Si c’est une action alors oui, on peut l’ordonner.
Dans aimer son prochain l’amour n’est pas un sentiment mais c’est un ordre !
L’action positive qui consiste à aimer son prochain pourrait être : « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fit ? »
Une autre formulation serait celle de Bernard Shaw : « Ne faites pas aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fissent. Il se peut que leurs gouts ne soient pas les mêmes. »
Si j’étais dépressif et que je voulais me pendre, vais-je pendre aussi mon voisin ?
Si j’étais persuadé que c’est la fin du monde et que pour ne pas la voir je vais me suicider avant, vais-je le faire faire à mes proches ou à autrui ? On l’a déjà vu dans l’histoire (People Temple Johnstown en Guyana en 78, 918 morts dont 330 enfants, Ordre du Temple Solaire, Suisse, France Canada, de 94 à 97, 74 morts, etc…)
Ne vous inquiétez pas, en ce jour de rentrée, je n’ai pas d’idée morbides…
L’amour en acte ne peut être de considérer que l’autre c’est moi et qu’il doit se soumettre à tout ce à quoi je me soumets. La Liberté est là encore un principe absolu de l’amour qu’il nous est ordonné de porter à notre prochain. J’entends par là que sans liberté celle de penser, de choisir sans contrainte extérieure, l’amour véritable, mature, ne peut exister véritablement et que la liberté serait une composante de l’amour mais sa condition première et non négociable. L’amour c’est choisir librement l’autre, l’amour imposé ou forcé comme cela se passe dans certains pays, est une contrainte.
De même, l’amour ne peut, comme la paix se concevoir que dans l’égalité, je ne peux asservir l’autre parce que je l’aime et il ne peut non plus m’asservir parce que je l’aime ou qu’il m’aime. Là où l’un domine et l’autre obéit, il y a seulement des illusions qui masquent la peur, la dépendance ou parfois la violence.
J’aime cette phrase de Simone de Beauvoir :
« L’amour authentique implique que chacun se réalise comme sujet libre, dans un projet commun, sans se nier soi-même. »
Par cette connaissance ou reconnaissance mutuelle de l’autre, nous pourrons générer la Tolérance et l’Amour mais au sens sentiment !
Ce sentiment sera l’amour fraternel que l’on appelle de nos vœux entre les Hommes !
En même temps que je vous ai parlé de l’Amour et de la paix j’ai aussi évoqué la Liberté, l’Egalité et la Fraternité dans cet ordre car la Fraternité est un sentiment qui est la conséquence des deux autres…
Voilà pourquoi cet accomplissement explose dans l’acclamation du Second Surveillant :
« Que la joie soit dans les cœurs »
Est un constat, ni un ordre, ni un souhait mais l’aboutissement de notre démarche.
C’est un feu d’artifice qui viendra ponctuer l’achèvement de nos travaux… un jour.
Peut-être ce jour nous pourrons, au lieu de dire « j’ai dit, V :.M :. » nous pourrons dire :
« Nous l'avons fait, V :. M :. »
Pour ce soir encore….
J’ai dit
V :. M :.
JPG :.
10 Septembre 6025