"HIRAM apparaît alors comme l'Homme du Devoir" (3ème degré.31.01.2024)

 

 

Plan

Introduction

1. Le mot devoir dans les rituels actuels

2. Interprétation du rituel du troisième degré

2.1. Méthode

2.2. Comparaison aux autres rituels de maître

2.3. Sens du mot devoir dans la locution "Hiram apparaît alors comme l'Homme du Devoir"

2.4. Le devoir actuel du maître maçon

2.5. L’aspect moral

3. Recherche individuelle et collective

Conclusion

 

Introduction

Selon l’INSTRUCTION AU TROISIÈME DEGRÉ (2016) en fin du RITUEL DU 3e DEGRE

D - Ne peut-on pas attribuer au Mythe d'Hiram une signification plus générale?

R - Certes. Il peut suggérer que ceux qui œuvrent pour le progrès de l'Humanité ont des adversaires et doivent résister à leurs menaces. Il apprend aux F:. maç :. qui édifient le T :. de la Fraternité humaine, que leur travail comporte une lutte continuelle contre l'Ignorance, le Fanatisme et l'Ambition, que représentent les trois mauvais Comp :. . Hiram apparaît alors comme l'Homme du Devoir prêt à tout lui sacrifier, même la vie. Le Penseur, bâillonné par les tenants des routines et les suppôts du faux ordre établi. Le Juste, qui souffre et périt pour une noble cause. Le Libérateur, qui succombe pour affranchir l'Humanité et qui revient toujours poursuivre son combat.

 

1. Le mot devoir dans les rituels actuels

▪ Lors de l’ouverture directe au 3e degré

LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE Frère Second Surveillant, quel est le premier devoir d’un Surveillant en Chambre du Milieu?

LE SECOND SURVEILLANT Très Vénérable Maître, c’est de s’assurer que la Chambre du Milieu est dûment couverte.

LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE Frère Premier Surveillant, quel est le second devoir d’un Surveillant en Chambre du Milieu ?

LE PREMIER SURVEILLANT C’est de s’assurer que tous les Frères qui décorent les Colonnes sont Maîtres Maçons.

 

▪ Lors de la cérémonie d’élévation au troisième degré

LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE Une grande calamité, mon Frère, a frappé la Franc-Maçonnerie, et c’est à ses propres enfants qu’elle attribue les malheurs qui l’accablent. Ce sont ceux qu’elle a comblés de ses bienfaits qui l’ont indignement trahie. Seriez vous du nombre de ces ingrats ? Vous êtes-vous bien pénétré des devoirs que vous avez contractés par votre Initiation et les avez-vous fidèlement remplis ? Soyez sincère ! La Vérité, qui finit toujours par se faire connaître, parviendra jusqu’à nous et nous devrons alors punir deux crimes à la fois. Prenez donc garde à vos paroles. Je vous le demande encore : avez-vous rempli tous vos Devoirs d’honneur et de Franc-maçon ?

Les trois complices se placèrent chacun à une porte, afin que, si le Maître échappait à l’un, il ne pût éviter les autres. Ayant terminé son inspection des Travaux du jour, Hiram allait se retirer par la porte du Midi. L’Expert et le Maître des Cérémonies se tenant de part et d’autre du récipiendaire le font avancer rituellement vers le Plateau du second Surveillant.

LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE continue son récit :

Mais il aperçoit l’un des conjurés, muni, faute d’armes, d’un lourd FIL À PLOMB, qui lui demande, de manière menaçante, d’être admis au rang des Maîtres. « Je ne puis, dit Hiram avec sa bonté coutumière, à moi seul t’accorder cette faveur. Il faut aussi le concours de mes Frères. Lorsque tu auras complété ton temps et que tu seras suffisamment instruit, je me ferai un devoir de te proposer à la Chambre des Maîtres ». Blessé, Hiram se dirige alors vers l’Occident et le plateau du Premier Surveillant qui porte franchement un coup au récipiendaire avec son niveau sur l’épaule gauche.

L’Expert et le Maître des Cérémonies font fléchir le récipiendaire sur le genou gauche. Tout étourdi de ce nouveau coup, le Maître se dirige en chancelant vers la porte de l’Orient, dernière issue par laquelle il espère s’échapper. Vain espoir ! Il y est arrêté par le troisième conjuré qui lui demande lui aussi, de manière menaçante, le Mot des Maîtres.

L’Expert et le Maître des Cérémonies conduisent rituellement le récipiendaire au pied de l’Orient. Il se trouve ainsi placé devant le cercueil et près de la table du T V M. « Plutôt la mort, dit Hiram, que de violer le Secret qui m’a été confié ».

Le T V M se met entre-temps debout devant son Plateau et continue son récit : Au même instant, l’infâme conjuré frappe Hiram au front d’un violent coup de MAILLET, qui le renverse sur le pavé du Temple. Le T V M, comme il vient d’être dit, porte un coup au front du récipiendaire avec son Maillet. L’Expert et le Maître des Cérémonies font fléchir (en arrière) le récipiendaire, le renversent sur le dos et l’étendent dans le cercueil (ou sur le linceul) au pied duquel il se trouve. L’Expert et le Maître des Cérémonies recouvrent entièrement le récipiendaire d’un drap noir et posent son Tablier sur son visage.

LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE regagne sa place : Ainsi périt l’homme juste, fidèle au Devoir jusqu’à la mort ! Hélas ! Mes Frères, lui seul possédait le secret de l’œuvre en cours d’exécution. Qui oserait maintenant se présenter pour lui succéder ?

 

 

▪ Instruction au troisième degré (2016) en fin du rituel du 3e degré

D. - Ne peut-on pas attribuer au Mythe d’Hiram une signification plus générale ?

R. - Certes. Il peut suggérer que ceux qui œuvrent pour le progrès de l’Humanité ont des adversaires et doivent résister à leurs menaces. Il apprend aux F maçons, qui édifient le T de la Fraternité humaine, que leur travail comporte une lutte continuelle contre l’Ignorance, le Fanatisme et l’Ambition, que représentent les trois mauvais Compagnons. HIRAM apparaît alors comme l’Homme du Devoir, prêt à tout lui sacrifier, même la vie. Le Penseur, bâillonné par les tenants des routines et les suppôts du faux ordre établi. Le Juste, qui souffre et périt pour une noble cause. Le Libérateur, qui succombe pour affranchir l’Humanité et qui revient toujours poursuivre son combat.

D.- Quel est l'enseignement du Deuxième Degré?

R.- J'ai été mis en possession des moyens et des outils de la Connaissance. J'ai été dirigé vers l'étude des Arts et des Sciences. J'ai appris à Glorifier le Travail, et à me servir des Outils Symboliques pour ériger, avec le concours de mes Frères, le Temple de Salomon à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers. Enfin, j'ai vu l'Étoile Flamboyante.

D.- Est-il autre chose?

R.- Oui, qu'il ne saurait y avoir de « Droits » sans « DEVOIRS ».

 

2. Interprétation du rituel du troisième degré

2.1.Méthode

Nous adaptons la méthode rappelée par le grand sémioticien de Bologne, Umberto Eco (1932- 2016), connu par ailleurs pour ses romans ("Le Nom de la rose" en 1980, "Le Pendule de Foucault" en 1988, …) à notre problématique particulière. De même qu’un texte est écrit par un auteur à l’intention d’un lecteur, nous considèrerons, ce qui est réducteur, que l’ensemble du rituel de maître a une intention, à découvrir. Il existerait en fait trois intentions [Umberto ECO "Les limites de l’interprétation", 1992, p29- 30]: de l’auteur, du lecteur, de l’œuvre.

Intentio lectoris,intention du lecteur :

Les interprétations diffèrent selon les attentes et aussi le degré de réceptivité du lecteur à un instant donné ; en fait elles intéressent avant tout le lecteur et son identité...

Intentio operis, intention de l’œuvre ; intentio auctoris, intention de l’auteur

Dans le cas d’un rituel, nous proposerons d’utiliser le travail des nombreux frères anonymes (loges de recherche, commission des rituels…) qui a produit le rituel en ses différentes formes successives.

2.2. Comparaison aux autres rituels de maître

Au début du XVIIIème siècle les européens qui constituent les loges de FM spéculative recherchent une union entre les hommes qui ne soit pas fondée sur une religion particulière. C’est une révolution politique, intellectuelle, spirituelle. Les loges opératives ne comportaient qu’un seul degré : compagnon (les apprentis n’y sont pas admis) ; plus tard les maçons non bâtisseurs acceptés sont apprentis enregistrés. Le maçon qui dirige la loge est un surveillant ancien. Dans le compagnonnage actuel, le compagnon à charge d’enseigner le métier ou devoir est dénommé maître d’apprentissage. Les règlements de la Grande Loge de Londres du 24 juin 1721 donnent en article XIII deux grades : apprenti et compagnon. En 1723, les Constitutions d’Anderson indiquent : « c’est à cette réunion seulement que, à moins de dispense, les apprentis doivent être élevés au grade de compagnon et maître. ». Il n’est pas de mort ni de relèvement d’Hiram. Le 20 octobre 1730, "Maçonnerie disséquée", la divulgation de Pritchard donne la légende telle que nous la connaissons En 1760, "les Trois coups distincts" donne les rituels des "Ancients", loge créée en 1751 qui appelle ceux de 1717 les "Moderns".

Au Suprême Conseil de France, on note la formule : - « Ainsi périt l’homme juste. » dans le rituel de la R.L.124 à l’Orient d’Honolulu " Le progrès de l’Océanie" en 1857 et n°148 " L’union de Perpignan " en 1880 ; - « Ainsi périt l’homme juste, fidèle au Devoir jusqu’à la mort ! » dans le rituel de la R.L. " La ligne droite " en 1880.

 

2.3. Sens du mot devoir dans la locution "Hiram apparaît alors comme l'Homme du Devoir"

Dans les dictionnaires, devoir est « ce à quoi on est obligé » : - par bienséance, sa profession, le droit en 1694 - par la Loi, la Coutume, l'honnêteté, la bienséance, jusqu’en1798 - par la raison, par la morale, par la loi, par sa condition, par la bienséance, à partir de 1835 - par l’obligation morale considérée en elle-même actuellement Mais, remarquons que "Devoir" est écrit avec un D majuscule. Il s’agit vraisemblablement de la trace des "anciens devoirs" : la franc-maçonnerie constitue ainsi, comme d’autres secteurs (droit, médecine, Québec), un isolat linguistique.

Ainsi, à la GLDF, de nos jours, on note : « V- En ce qui concerne les principes autres que ceux définis ci-dessus, la Grande Loge de France se réfère aux Anciens Devoirs, notamment quant au respect des traditions de la Franc-maçonnerie et quant à la pratique scrupuleuse et sérieuse du Rituel et du Symbolisme en tant que moyens d’accès au contenu initiatique de l’Ordre. » [Déclaration de principes de la grande loge de France (5 décembre 1953)]. Selon l’encyclopédie en ligne, wikipedia : « Les Anciens devoirs (Old Charges) est le nom donné à un ensemble de cent trente documents environ rédigés entre les XIVe et XVIIIe siècles, la plupart manuscrits et plus tardivement gravés ou imprimés, tous d'origine anglaise. Ces documents décrivent les obligations et fonctionnement des corporations de maçons et de bâtisseurs, mais également l'historique mythique de la création du métier. C'est au sein de ces textes fondamentaux et en particulier du poème Regius (1390), connu également sous le nom de manuscrit Halliwell et du manuscrit Cooke (1410), pour l'Angleterre, puis des Statuts Schaw (1598) ou encore du manuscrit d'Edimbourg (1696) pour l’Écosse, que la franc-maçonnerie spéculative puise ses sources, sans toutefois affirmer d'un point de vue historique, une filiation directe avec les loges opératives de cette époque. »

 

2.4. Le devoir actuel du maître maçon

Selon l’instruction au troisième degré (2016) en fin du rituel du 3e degré

D. - Quelle fut sa fin ?

R. - Notre Respectable M Hiram tomba sous les coups de trois mauvais compagnons qui voulaient obtenir par la violence les prérogatives qui ne peuvent être accordées qu’au mérite. En ce premier quart du XXIe siècle, une connexion à l’internet à l’aide d’un navigateur et l’interrogation du moteur de recherche de l’entreprise américaine « google » donne immédiatement le mot sacré des maîtres au REAA. Alors quid du devoir de secret ? L’attitude d’Hiram ne serait-elle pas surannée ?

▪ Faut-il déchoir pour survivre ?

« Une vie inutile est une mort anticipée. » fait dire notre frère Goethe, à Iphigénie, sauvée au début de l’Iliade de la mort sacrificielle à Artémis, mais exilée en Tauride (Crimée), loin de Mycènes et de tous les siens [Johann Wolfgang von Goethe, Iphigénie en Tauride]. Dans la Grèce antique, le combat des hoplites (fantassins lourds), après le premier choc des phalanges, se poursuit au corps à corps. Il est un grand pourvoyeur d’esclaves : tout combattant qui reconnaît sa défaite se met à la merci du vainqueur qui peut (ce sera à négocier) le réduire en esclavage ou le libérer contre rançon. Celui qui préfère mourir que vivre à ce prix a joué le rôle d’Hiram : il ne sera jamais un esclave. Si l’on adapte ici la dialectique de Hegel de la lutte à mort entre combattants [Georg Wilhelm Friedrich HEGEL. Phénoménologie de l'esprit. Vrin, Bibliothèque des Textes Philosophiques, 2006], l’un (Hiram et l’impétrant qui a compris le drame) décide qu’il met sa vie en péril, qu’il ne renoncera pas à ses convictions, même pour avoir la vie sauve. Alors il est véritablement le maître, car celui qui accepte de transiger a implicitement préféré la déchéance, le renoncement pour vivre : il est digne de l’esclavage.

▪ Tandis que séparer le corps de l’âme ainsi que l’infligent les trois mauvais compagnons à Hiram constitue un assassinat, à châtier, séparer l’âme du corps est action philosophique. Ecoutons Évagre le Pontique (346-399), moine du désert d'Égypte, « Séparer le corps de l’âme n’appartient qu’à Celui qui les a unis ; mais séparer l’âme du corps appartient précisément à celui qui tend à la vertu. Car nos pères appellent l’anachorèse (la vie monastique) exercice de la mort et fuite du corps. »» [EVAGRE LE PONTIQUE, Traité pratique, "Sources chrétiennes", n° 170 et 171, 1971]. Ce raisonnement est inspiré du néoplatonisme ; ainsi on trouve dans Plotin (205 – 270) : - Sentence 7 « L’âme se lie au corps par le mouvement qui la tourne vers les passions issues de lui et, à l’inverse, elle s’en détache par son impassibilité. » ; - Sentence 8 « La nature détache le corps de l’âme alors que l’âme se détache elle-même du corps. » ; - Sentence 9 « La mort est de deux sortes : l’une bien sûr, connue de tous, où le corps est détaché de l’âme, l’autre, celle des philosophes où l’âme se détache du corps. Et l’une ne suit pas nécessairement l’autre. » [PLOTIN, Sapientiae]. Selon Platon, Phédon, 67c : « Or purifier l’âme n’est-ce pas justement, comme nous le disions tantôt, la séparer le plus possible du corps et l’habituer à se recueillir et à se ramasser en elle-même de toutes les parties du corps, et à vivre, autant que possible, dans la vie présente et dans la vie future, seule avec elle-même, dégagée du corps comme d’une chaîne »

 

2.5. L’aspect moral

L’obligation morale

Nous connaissons les Constitutions d’Anderson, de 1723. A la première ligne du premier chapitre, concernant Dieu et la religion, il y est dit : « Un maçon est obligé, par son engagement, d’obéir à la loi morale et s’il comprend correctement l’Art… »

Au premier degré: Au cours de la cérémonie d’initiation est proposé lors du troisième voyage le principe de morale : - « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fut fait à toi même », complété par, - « Fais aux autres tout le bien que tu voudrais qu’ils te fissent à toi même » (cette deuxième formule provient en fait de Mathieu, 7, 12). L’ensemble des deux formules constitue l’article 2 de la Déclaration des devoirs de l’homme et du citoyen dans la Constitution de l’an III du 5 fructidor, soit le 22 août 1795, déclaration sans lendemain. L’équerre est le symbole de la loi morale. L’apprenti est invité à : - « fuir le vice et pratiquer la vertu », - «en préférant à toute choses la Justice et la Vérité » [instruction du grade].

Au deuxième degré: La règle figure la loi morale. Moïse et Jésus sont évoqués au cours du quatrième voyage comme précepteurs de principes de morale.

Au troisième degré: Hiram est dit au cours de l’instruction homme du Devoir (le sens moral du devoir est dans les dictionnaires dès 1835) Quel est le contenu exact du Devoir, au-delà des quelques principes énoncés ci et là au cours des trois premiers degrés ? Il n’en rien dit de précis sauf envers qui il s’exerce : avant tout l’Humanité. Le Devoir évoque l’impératif catégorique au sens de Kant, celui de l’obligation absolue, indépendamment de tout but défini : si l’obligation avait une fin ce serait la fin qui dicterait son contenu et non la volonté ; l’impératif serait hypothétique et non catégorique. Kant lui donne pour seul contenu les trois maximes - « agir toujours de façon que la maxime de son action puisse être érigée en loi universelle » ; avant que d’agir, nous sommes tenus de nous demander, et si tout le monde en faisait autant ?

afin de vérifier que la maxime de notre action ne se détruit pas elle-même du fait de contradictions internes ; - « prendre toujours la personne humaine soit en soi-même, soit dans les autres, comme fin et jamais comme moyen » ; car la personne humaine n’est pas seulement source des valeurs mais aussi valeur elle-même ; - « que la loi de son action soit une loi dans le règne des fins, c’est à dire dans une société de personnes dignes de l’Esprit ». Ainsi que le dit plus tard Alain dans ses « Lettres sur Kant » : « la morale consiste à se savoir esprit et à ce titre obligé absolument, car noblesse oblige ». On passe du foisonnement des maximes, obligations particulières à l’impératif épuré « je dois ».

 

3. Recherche individuelle et collective

Je dois.

Le contenu du Devoir s’établit par un dialogue entre moi et moi même que permet la conscience, sinon, en l’absence de conscience de soi on se trouve devant l’instinct, il n’y a plus de « je » dans le « je dois ». Puis-je savoir, seul, ce que je dois ? La recherche est individuelle, mais trouve ses limites dans son individualité même. Comment être certain que, ce faisant, je ne définis pas mon devoir en fonction de mes conditions subjectives privées? Comment savoir ce que je dois ? Comment connaître la Vérité ? Il me faut en fait la « mentalité élargie » que propose Kant dans « La critique du jugement », qui me permette, dans le contact avec l’autre, de penser à la place de quelqu’un d’autre. La seule garantie pour la correction de nos pensées tient à ce que nous pensions pour ainsi dire en communauté avec l’autre, à ce que nous lui communiquions nos pensées comme il nous communique les siennes. Quel est cet autre ? « Le jugement est valide pour toute personne singulière qui juge » selon Kant dans l’introduction à « La critique du jugement » : ici, pour nous et nos frères engagés dans la même démarche. Ainsi la conscience du Maître maçon, lumière intérieure, protégée par la raison des préjugés peut, par l’intelligence, faire son Devoir moral et de recherche de la Vérité. Le Maître maçon est au centre du cercle. Au centre du cercle, le Maçon, peut commencer à s’élever. Mais il n’en est pas le centre… La recherche collective, entre chercheurs sincères, pénétrés du même idéal, est de nature, pour qui décide par soi-même de ses opinions et actions d’éviter de se comporter comme le chien de Monsieur Bergeret d’Anatole France qui, au motif que choses et gens grandissaient en s’approchant de lui et en s’éloignant rapetissaient, en avait conclu qu’il était le Centre du Monde. Au centre, pas le Centre.

 

Conclusion

 

Tout n’était il pas déjà dans le formulaire sur lequel nous avons plus ou moins maladroitement rédigé notre Testament philosophique au soir de notre initiation :

 

"Quels sont les devoirs de l'homme envers lui-même, envers la Patrie, envers l'humanité ?"

D:.-J:. G:.

31.01.6024

 



07/02/2024
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