Le dépouillement des métaux et les métaux à la porte du temple.

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Le dictionnaire indique que le « métal issu du latin « metallum » signifie « mine », « production métallique ». Emprunté au grec « metallon », il veut dire « mine de sel, d'argent, carrières de marbre ». On peut lire aussi que Meta implique l’idée de changement et allon « autre ». Étymologiquement le métal est donc ce qui peut passer d’une forme à une autre.

Apparenté au verbe grec « metallan », le mot prend le sens d' « interroger, enquêter, de s'informer ... ». Cette évolution du sens est peut-être singulière mais explicable par la nécessité de rechercher les gisements cachés.

 

 

Pendant l’épreuve de la terre, dans le cabinet de réflexion, le profane « est dépouillé des métaux » au sens propre.

Dans plusieurs traditions hermétiques comme la kabbale, le soufisme,  c’est un passage obligé au commencement d’un parcours initiatique. De plus les métaux sont considérés comme nocifs et parasitaires à la réalisation de la cérémonie. Ainsi en entrant en F.M., je suis entré dans un monde où tout geste symbolique peut avoir de multiples sens :

Physique, psychique, spirituel...

 

Cette pratique veut à la fois replacer symboliquement le récipiendaire dans la nature mais aussi le déstabiliser, le désarmer, le pacifier avant d’entrer dans le temple et commencer les voyages.

C’est une purification !

 

En le dépouillant des métaux, on retire à l’être ses rigidités, ses apriori et ses entraves afin de recréer un être neuf délivré de ses pesanteurs.

En rapport avec le contexte du cabinet de réflexion, cet acte participe  aussi au processus de désorientation du profane : 

toutes les valeurs de pouvoir sous un aspect bien plus relatif et qu’il a En complément de sa vêture, le récipiendaire débute les voyages dans un état de pauvreté et de simplicité.

 

A la fin de la cérémonie d’initiation, les métaux qui appartenaient au profane, sont rendus à l’apprenti. Ces deux opérations de dépouillement et de restitution expriment la synthèse des opérations alchimiques. On considère que désormais l’apprenti pourra apprécier maintenant reçu les moyens de s’en libérer progressivement.

Ainsi il a commencé à prendre conscience de son ignorance, de la nécessité qu’il y a de ne pas s’arrêter au paraître. C’est ce qui lui permettra de se comporter avec davantage d’humilité et de comprendre aussi que l’on ne peut espérer recevoir sans rien donner en échange.

 

Dans le rituel d’ouverture, le Vénérable Maître dit : « Nous ne sommes plus dans le monde profane, nous avons laissé nos métaux à la porte du Temple. Elevons nos cœurs en fraternité et que nos regards se tournent vers la lumière ».

Ceci est la dernière phrase du rituel avant de procéder à l’appel.

C’est au début de chaque tenue que le Vénérable Maître évoque la montée du profane au Sacré. Il faut donc se détacher de ce qui pourrait corrompre nos travaux : Condition préalable, indispensable, pour que l’harmonie, la paix et la sérénité s’installent.

 

Le métal, dans le monde profane, représente la richesse (or, argent, bijoux, ...) C'est l'apparence, le paraître, et tout ce qui peut concourir à distinguer, à diviser. Il représente également la force, le pouvoir, les armes, les armures.

Le regard des F\M\ sur les métaux du monde profane est généralement traduit par l’orgueil, l’hypocrisie, l’esprit de supériorité, les préjugés, les certitudes.

Il faut donc consentir à s’en délester pour pénétrer dans l’espace sacré.

 

Le métal comme l'indique Oswald Wirth dans « Le livre de l'Apprenti » est « tout ce qui brille d'un éclat trompeur lorsque l'esprit est 

inexpérimenté (...) le penseur doit se défier des idées reçues » pour raisonner librement.

Ainsi, le temple est un lieu où doit s’opérer un dépassement de soi, un lieu dans lequel il faut s’élever et pour cela abandonner ses certitudes, ses passions, ses préjugés.

 

Il faut trouver la force de briser son égo et accepter un processus d’allègement dans le raffinement et ainsi se débarrasser des imperfections. Les métaux sont également les composants de l'armure qui paralyse par son poids et sa rigidité. Ils étouffent les expressions et compromet le discernement. Ils sont une entrave à la recherche de la vérité. Ils sont prison, comme des grilles et des barreaux. L’idée est donc de se libérer.

 

L'aspect impur et dur des métaux se retrouve également dans leur interdiction lors de la construction du Temple de Salomon. Ils sont considérés comme négatifs.

Dans un extrait de la Bible, (dans le 1er livre des Rois, chapitre 6 et 7) il est écrit : « Lorsqu’on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées et ni marteau, ni hache, ni aucun instrument de fer ne furent entendus dans la maison pendant qu’on la construisait. » Ainsi l’Histoire sainte nous apprend que l’on peut construire dans le silence. Pendant la construction du temple, on ne devait entendre aucun bruit de métaux qui puisse troubler la sérénité du chantier.

 

En entrant en F.M., c’est la réalité, je me suis délesté de certaines façons de penser. J’ai acquis un autre regard sur la vie et mon environnement, une ouverture d’esprit. Voir autrement et accepter de voir autre chose, c’est à dire ne plus être aveugle. Grâce à cela, j’ai aussi appris à mettre en application le doute et à différer mes jugements ou plutôt à ne pas les rendre définitifs. Bref la tolérance.

 

Pourtant il est dit que : « Seul la richesse intérieure peut différencier les hommes ».

 

Ce métal dont on a besoin, même à distance, pour construire et se construire peut être vivifié par une force extérieure comme le feu, le marteau, l'étau et ainsi devenir outil.

Pour cela, parallèlement à l’analyse négative des métaux qui nous indiquent qu’il faudrait ne pas les accepter dans le temple, les outils de métal sont en matière noble, élaborés par l'homme, essentiels à l'évolution de la civilisation.

Fabriqués de matières issues du mystère de la création.

 

Les métaux ont cette dualité qui oppose le vrai au faux, le nocif à l'utile. L’avoir et l’être.

Ces oppositions, de même cette transformation, sont au cœur de notre engagement initiatique.

Les métaux seraient le symbole à la fois du rapprochement et de la division.

 

Dans le cabinet de réflexion est inscrit l’acronyme V.I.T.R.I.O.L.

Bien des choses vues et vécues lors de l’initiation ne sont comprises que lors des tenues et chantiers qui lui succèdent.

Les traditions occultes et alchimiques font appel au symbolisme des métaux.

 

Ainsi le dépouillement des métaux «  de surface » n’a peut-être pas pour seul but d’exclure les métaux du temple. Il a aussi pour but de nous pousser à redécouvrir les métaux, ceux enfouis en nous-mêmes. Les mineurs creusent la terre à la recherche de pierres précieuses et de métal précieux, précieux, près des cieux.

On dit que les pierres précieuses sont le reflet du ciel dans la terre. La profondeur des cieux comme la profondeur de la terre.

 

V.I.T.R.I.O.L. nous invite à creuser l’intérieur de la terre (nous même), à travailler pour se rectifier et enfin à trouver la pierre cachée. Pour cela le dépouillement des métaux aurait aussi pour but de chercher la lumière en nous même.

 

Toute notre alchimie médiévale repose sur la croyance de la hiérarchie des éléments naturels par transmutation successive. Ainsi, les hommes ont cru que la plus noble des matières, l’or, pouvait être réalisée à partir du métal le plus grossier, le plomb. Les métaux seraient ainsi transmutés par l’opération alchimique.

 

En Astrologie le soleil, représenté par l’or est la lumière.

A la planète Saturne on attribue la révélation de la nature secrète des choses, elle est représentée par le plomb.

Quel est l’outil que l’on donne à l’apprenti pour chercher en lui-même ? Le fil à plomb.

 

Ainsi peut-on aussi comprendre par l’inscription  V.I.T.R.I.O.L. que nous pouvons transformer notre plomb intérieur en or.

Ce qui différencie bien le fait de se tourner vers soi-même et de trouver la lumière en soi-même. L’avoir et l’être.

« Connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers et les dieux »

 

L’œuvre alchimique du temple serait donc la recherche du trésor intérieur et le jaillissement des richesses cachées en nous.

Le dépouillement des métaux « de surface » prend toute son ampleur par la recherche de ces métaux enfermés.

 

C’est cette alchimie qui peut éventuellement faire de nous des êtres lumineux.

 

Ceci me rappelle aussi qu’arrivé ignorant dans le temple, mes frères m’ont enrichi par leur savoir. Cela m’apprend que je devrais agir de la même façon. C’est là le trésor de la Loge.

 

Pour conclure, je souhaite dire que le travail de cette planche ajouté au presque trois ans passés parmi vous m’ont permis de comprendre que la beauté d’ornement, recherchée par les F\M\, représentée par la colonne du second surveillant, est la beauté intérieure.

 

Thibaud SCH.°.



29/04/2021
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