« Les mystères d’Eleusis »

 

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Tout comme c’est le cas en maçonnerie, la première idée qu’évoquent ces mystères est celle du secret. En effet, « pour ceux qui n’ont pas été initiés, il est clair qu’il ne leur est pas permis d’entendre aucune des choses dont la vue leur est interdite » nous indique Pausanias au deuxième siècle en parlant des Mystères d’Eleusis. Il confirme ainsi les prescriptions faites aux initiés, qu’Homère, dans son  Hymne à Déméter rappelait en soulignant qu’il était impossible que « les beaux rites, les rites augustes … soient transgressés, pénétrés, ou divulgués ». Contrairement à ce que notre Ordre a pu vivre au travers des diverses divulgations concernant nos rituels, le secret a été observé avec beaucoup de rigueur en ce qui concerne les rites initiatiques d’Eleusis. Trahir ce secret était considéré comme particulièrement impie, et très sévèrement réprimé et puni. Certains initiés ont échappé de justesse à la peine capitale, pour s’être laissé aller à évoquer de façon trop précise tel ou tel moment des cérémonies initiatiques. En revanche, s’il était criminel de révéler quoi que ce soit de ce qui se passait dans l’enceinte sacrée et dans la salle des initiations, il était parfaitement licite de dire explicitement quel était le but de l’initiation et quels avantages en résultaient. Les écrits des auteurs antiques et des premiers chrétiens dont nous disposons, n’évoquent donc que de façon détournée et ambiguë les rites d’initiation. En revanche, l’ensemble des démarches et préparations préalables ont été décrites ainsi que l’objet de l’initiation, à savoir, la promesse d’un accueil bienveillant des divinités de la terre après la mort en vue d’une seconde vie sereine et bienheureuse sans notion de mérite ou de démérite. La majorité des informations relatives aux Mystères d’Eleusis sont indirectes. Elles sont issues d’allusions faites dans les écrits des poètes, philosophes, scoliastes grecs ou chrétiens, et confirmées par les diverses découvertes archéologiques.

Les Mystères d’Eleusis, au VIème siècle av. JC mettent en scène la triade, Déméter, Perséphone appelée aussi Coré et Dionysos. La légende mythologique veut que la fille de Déméter, Coré, ait été enlevée, au cours d’une cueillette de fleurs, par Hadès, le Dieux des enfers, en vue d’en faire sa femme. Suite à cela, Déméter, partit à sa recherche, en délaissant la protection qu’elle apportait aux hommes et à leurs cultures. Ces dernières fanèrent et périclitèrent. La passion non maitrisée d’Hadès pour Perséphone, conduisit le monde des vivants à la ruine et à la désolation. Déméter parcourant le monde, sous les traits d’une vielle mendiante, arriva à Eleusis. Elle y fut particulièrement bien accueillie par ses habitants. En récompense, elle leur révéla son identité et leur donna le savoir nécessaire à l’agriculture. Par la suite, ayant retrouvé sa fille, Déméter ne put néanmoins la ramener de façon permanente sur terre. En effet, celle-ci avait mangé six pépins d’une grenade que lui avait offerte Hadès. Or, le fait de manger de la nourriture des enfers vous lie à ceux-ci. Il fallut donc que le frère de Déméter, Zeus, intervienne et autorise Coré à passer la moitié de l’année sur terre durant l’été, pendant la période des cultures. Elle devait rester auprès d’Hadès l’autre moitié de l’année durant l’hiver, période au cours de laquelle la nature est en sommeil. Des lois inéluctables régissent l’univers auxquelles Zeus lui-même ne peut totalement se soustraire. Perséphone symbolise ainsi le renouveau de la nature. Elle est le grain de blé enfoui sous terre la moitié de l’année et à son retour à la lumière le blé nourrisseur de l’humanité.

Dès le deuxième millénaire av. JC, les échanges commerciaux entre l’Egypte, la Crète puis la Grèce sont avérés. Vers 1500 av. JC, Danaos, issu de la famille royale de la XVIIIème dynastie Egyptienne est venu s’installer et régner en Attique. On peut vraisemblablement en déduire que le culte d’Isis et d’Osiris a été importé en Grèce d’Egypte. De nombreuses découvertes de statuettes d’Isis, de scarabées et de divers objets de culte dans des tombes grecques au pied de l’acropole d’Eleusis viennent conforter cette hypothèse. Déméter aurait donc pris la place d’Isis et Dionysos celle d’Osiris. Il s’agissait à l’époque d’un culte essentiellement agraire où l’on célébrait la déesse de l’agriculture et de la civilisation à travers de nombreuses fêtes dont les Thesmophories sont les plus connues et les plus importantes. Tout comme Isis, Déméter est la déesse ayant apporté l’art de cultiver l’orge et le blé. Elle a fait connaitre les instruments et les pratiques de la vie agricole. Elle a également institué les lois du mariage et de la famille, fondement de la civilisation. Enfin, elle a révélé les rites de l’initiation et garanti ses fidèles contre les dangers et les souffrances d’après la mort, auxquelles ni la Grèce, ni aucune autre religion de l’antiquité n’avait pu jusqu’alors trouver de remède hormis l’Egypte. Grâce à elle, les angoisses de la mort et la terreur d’un sort funeste et sans espoir, ont fait place à une espérance confiante dans l’accueil bienveillant des divinités souterraines.

Lors des premiers temps, à l’époque des Thesmophories, dans un contexte religieux essentiellement agraire, seules les femmes mariées avaient accès à des cérémonies secrètes. Le pouvoir de la prêtresse de Déméter était prééminent. Lorsqu’au VIème siècle av. JC les Mystères sont fondés, le culte de Déméter est fixé définitivement, le sacerdoce est organisé autour de deux familles sacrées et l’initiation est mise en place. Les Eumolpides et les Kéryces constituaient les deux familles maitresses des Mystères. Elles faisaient remonter leurs origines aux temps les plus anciens. Ainsi, Eumolpos, ancêtre et héros des Eumolpides, aurait reçu de la déesse en personne ses enseignements. Seuls les membres des deux familles étaient en droit de préparer et de présenter les mystes à l’initiation. Ce droit était validé par décret, sachant que leur religion était considérée comme culte d’Etat. L’archonte-roi d’Athènes en tant que représentant de l’Etat, veillait, à offrir des sacrifices aux deux déesses au nom de la cité, mais également, à la répression des délits et des impiétés pendant la durée des Petits et Grands Mystères. Il faisait un rapport au conseil des faits qui avaient pu se produire durant ceux-ci. Les premiers représentants du sacerdoce étaient issus des deux familles sacrées. Ainsi, le Hiérophante faisait partie des Eumolpides et était nommé à vie. Le Dadouque était choisi dans la famille des Kéryces et nommé également à vie. Tous deux avait une résidence à Eleusis. Lors des cérémonies et en particulier durant l’initiation, ils revêtaient une robe en laine de couleur pourpre avec des broderies. Leur chevelure longue était relevée sur la tête et ceinte d’un bandeau que recouvrait une couronne de myrte comme tout le personnel du culte Eleusinien. Si les charges, avantages et honneurs dont jouissaient le Hiérophante et le Dadouque semblent similaires, le rôle du Hiérophante surpassait de loin celui du Dadouque lors de l’initiation ainsi que nous le verrons ultérieurement. Le troisième acteur clé des mystères était la Prêtresse de Déméter. Celle-ci, nommée à vie, résidait dans l’enceinte du temple. Elle participait à la cérémonie d’initiation au même titre que le Hiérophante et était considérée comme son égal sachant qu’elle dirigeait également les fêtes des Thesmophories, relatives à un culte voué à Déméter, plus ancien encore. Nombreux étaient ceux qui étaient attachés au sacerdoce des mystères d’Eleusis. En plus de ceux que nous venons d’évoquer, il y avait entre autres les deux hiérophantides issues de la famille des Eumolpides, le hiéroceryx ou héros sacré issue de la famille des Kéryces, le prêtre de l’autel, le collège des prêtresses, plusieurs ministres du culte subalternes, les quatre épimelètes, les exégètes, le collège des éphèbes etc…

Enfin, les spondophores, issus des deux familles précédemment évoquées, étaient des messagers. Ils allaient de cité en cité afin de négocier une double trêve sacrée de 55 jours en vue de célébrer les Mystères. Ceux-ci étaient ouverts à tous pourvu qu’ils fussent en quelque sorte, de bonnes mœurs c’est-à-dire qu’il n’ait commis aucun homicide et n’aient pas de défaut physique les empêchant de prononcer avec exactitude les formules rituelles en grec. Ni le sexe, ni le genre de vie, ni la condition sociale n’étaient un obstacle à l’admission. Des esclaves, pour des raisons pratiques liés au secret, ont d’ailleurs été initiés. La plupart des Empereurs Romains dont Hadrien et Marc Aurèle, furent initiés. Il n’y avait pas d’âge minimum fixé, mais l’usage pour les Athéniens était de se présenter à partir de l’adolescence. Le sacerdoce Eleusinien était donc indifférent à la question de l’âge comme à celle de la condition. En revanche, les frais de l’initiation étaient élevés. Chacun des mystes devaient acheter un porc pour le sacrifice et la purification du 16 Boédromion, mois durant lequel se déroulaient les Grands Mystères. Ils devaient également payer une redevance aux prêtres d’Eleusis. Les Eumolpides se chargeaient d’enregistrer et d’archiver les noms des initiés.

Il y avait deux niveaux d’initié : les mystes et les époptes. Les premiers, après les Petits Mystères, qui étaient une préparation obligatoire, recevaient, six mois plus tard, dans les Grands Mystères, les révélations qui constituaient l’initiation proprement dite. La plupart s’en contentaient. Quelques-uns, après un intervalle d’une année au moins, se présentaient au degré supérieur, qui s’appelait époptie. Comme nous pouvons le vivre en maçonnerie, on retrouve également là, trois degrés : celui des Petits Mystères, puis celui de la première révélation des Grands Mystères et enfin celui de la seconde révélation des Grands Mystères qui correspond à l’époptie. Les deux premiers degrés constituant le programme préparatoire à l’initiation définitive que représente l’époptie ou la maitrise. Celle-ci ne pouvant être conférée d’emblée car elle est la suite logique des progrès précédemment accomplis.

Au début des mystères, les candidats à l’initiation n’y étaient admis qu’après avoir été instruits et préparés par le Hiérophante. Au fil des ans, la réputation et l’engouement pour les Mystères étaient tels que le nombre élevé de candidats avait amené le Hiérophante à se faire assister par des mystagogues, également issus des familles sacrées. L’instruction préalable, secrète comme l’initiation elle-même, avait pour but de permettre au candidat de comprendre les choses qu’il allait voir et entendre. La préparation devait également permettre au futur myste de se purifier et d’effacer toutes les souillures matérielles auxquelles il aurait pu être soumis. Les purifications étaient essentiellement lustratoires. De plus, certains aliments, comme la grenade qui valait à Proserpine ses réguliers séjours en enfer, étaient interdits. Une période de jeûne de neuf jours, correspondant à ceux passés par la déesse à la recherche de sa fille, était également de rigueur. La première purification générale et majeure, qui regroupait l’ensemble des mystes avait lieu dans le fleuve d’Agra lors de la célébration des petits Mystères. Une seconde purification générale avait lieu dans la mer, en face d’Athènes, le troisième jour de la fête des Grands Mystères. Enfin, dans l’Eleusinion d’Athènes, les mystes procédaient au sacrifice de porcs, préalablement purifiés par une immersion dans les flots, qui symbolisaient l’homme déchu.

Les Petits Mystères qui étaient le premier niveau de l’initiation, étaient célébrés à Agra, près d’Athènes durant le mois d’anthestérion, c’est-à-dire fin février, début mars. On sait fort peu de chose sur ces cérémonies si ce n’est que les Petits Mystères étaient une préparation aux Grands. Au cours de ceux-ci les mystes recevaient une instruction notamment sur la vie de Dionysos, leur permettant de comprendre ce qu’ils vivraient ensuite lors des Grands Mystères. Ceux-ci se déroulaient à la fin de l’été lors du mois de Boédromion, pour partie à Athènes et pour partie à Eleusis. En effet, le 14 Boédromion, premier des neuf jours que durait la célébration, partait un cortège d’Eleusis pour Athènes y transportant les Objets Sacrés. Ce cortège conduit par des Ephèbes regroupait l’ensemble des acteurs des Mystères. Les Objets Sacrés, cachés aux regards des profanes, à l’intérieur de corbeilles en osier, étaient vraisemblablement constitués par des statuettes en bois représentant les deux Déesses et Dionysos. Les deux jours suivants étaient l’occasion de purifications pour les mystes ainsi que nous l’avons précédemment évoqué. Les 17 et 18 Boédromion étaient l’occasion de célébration du culte d’Asclépios auquel les deux déesses étaient associées, ainsi que de sacrifices purificatoires complémentaires mais similaires à ceux déjà évoqués et destinés aux retardataires. Les 19 et 20 Boédromion, une procession retournait avec les Objets Sacrés à Eleusis. L’arrivée le soir, à la lueur des torches, était l’objet de réjouissances, de chants et de danses autour du puits Callichoros dans l’enceinte du sanctuaire. Les mystes, candidats à l’initiation avaient donc effectué depuis le début des festivités trois voyages : d’Eleusis à Athènes, d’Athènes à la mer et d’Athènes à Eleusis. Après une nuit de repos, ils procédaient à un sacrifice solennel à Déméter et Coré dans le péribole sous la direction du prêtre de l’autel. Avant de pénétrer dans le temple, ils procédaient à des lustrations purificatrices en utilisant l’eau des jarres disposées à l’entrée. Un bœuf était ensuite immolé par le feu et les fumées portées par l’air finissaient de purifier les mystes. La viande des victimes était finalement distribuée aux participants et consommée sur place.

Dans la nuit du 21 Boédromion, le drame liturgique de Déméter et de Coré, et donc l’initiation avait lieu dans le télestérion, vaste salle aux nombreuses colonnades. Avant d’y pénétrer, les candidats, devaient justifier qu’ils avaient effectué les actes rituels par lesquels ils se liaient aux Déesses d’Eleusis. Ainsi, ils déclaraient solennellement : « j’ai jeûné, j’ai bu le cycéon, j’ai pris dans la ciste et, après avoir gouté, j’ai remis dans le calathos, j’ai repris dans le calathos et mis dans la ciste ». La ciste et le calathos étaient des paniers d’osier contenant des gâteaux dont la composition les rattachait à la vie de Déméter et dont la forme évoquait les attributs de la Déesse. Le cycéon était un breuvage à base d’eau, de farine et de menthe, dont la composition aurait été donnée par Déméter elle-même. En buvant le cycéon et en mangeant les gâteaux de Déméter, les impétrants se soumettaient à la Déesse. Celle-ci les agréait comme siens et les assurait de sa protection. Ce rituel était le signe de l’union contractée par les candidats à l’initiation, avec les deux Déesses.

C’est donc le cœur empli d’enthousiasme et d’excitation que les mystes pénétraient dans le télestérion ou ils allaient assister au drame de Déméter et de Coré. C’est là que la déesse allait leur révéler, en vertu du pacte qui les liait à elle, les secrets des régions d’outre-tombe et les munirait des moyens qui leur permettraient d’assurer leur salut dans cette redoutable épreuve. L’initiation n’allait donc pas découler d’un quelconque enseignement scolaire ou dogmatique mais du ressenti et des émotions vécus par les mystes lors des scénettes théâtrales auxquelles ils participaient. Il s’agissait de ces impressions qui forgent l’âme et portent à la réflexion. Ainsi, à la suite des Déesses, personnifiées par les membres du sacerdoce, ils descendaient aux enfers dans le télestérion, et au terme d’un cheminement au milieu de diverses apparitions terrifiantes ou rassurantes, ils passaient de la crainte à la sérénité, des ténèbres à la lumière. Après avoir traversé de terribles régions, ils accédaient aux riantes prairies des Champs-Elysées, éclairées d’une lumière merveilleuse,  ils pouvaient contempler les Objets Sacrés, qui étaient le terme de l’initiation. Le Hiérophante en tenu d’apparat, baigné d’une lumière éclatante les présentait aux mystes rassemblés devant l’anactoron, sanctuaire sacré où les Objets Sacrés étaient gardés. Une statue de Déméter en bois, enveloppée de riches vêtements et couverte de bijoux tenait la première place parmi les Objets Sacrés. Son apparition emplissait les mystes de joie et d’espérance au point qu’ils pouvaient la confondre avec la Déesse en personne venant les accueillir en leur promettant sa protection dans le royaume souterrain dont elle était souveraine. Simultanément, le Hiérophante prononçait des formules liturgiques secrètes, fixées par le rituel sans lesquelles l’initiation aurait été imparfaite. Tout au long de la cérémonie, tel le V:. M :., il dispensait aux mystes de courtes phrases qui complétaient et éclaircissaient ce que les initiés voyaient. Celles-ci donnaient le sens des symboles, des scènes et des rites qui seraient restés sans elles, abscons et inintelligibles. La constitution architecturale du télestérion était telle, qu’après être physiquement descendus aux enfers en zigzagant à travers les piliers du bâtiment, ils remontaient vers la lumière en cheminant vers les niveaux supérieurs du temple. L’apogée du rituel n’avait lieu qu’après que les mystes aient été purifiés par l’eau lustrale, le feu sacrificiel, l’air des fumées et soient descendus visiter le centre de la terre

Dans la nuit du 22 Boédromion, le drame liturgique de Zeus et de Déméter, et donc l’initiation finale ou époptie, avait lieu. Ce second drame mystique mettait en scène la Hiérogamie, c’est-à-dire, l’union de Zeus et de Déméter, représentés par le Hiérophante et la prêtresse de Déméter. Ils incarnaient les divinités dont ils avaient revêtu le costume. Les époptes y voyaient là l’image de la fécondité due à la protection de leurs Dieux. Ces rites perpétuaient les usages des ancêtres. Grâce au couple divin, renouvelant son action bienfaisante, la terre de l’Attique bénéficiait d’une nouvelle année d’abondance et de prospérité. A la fin de la cérémonie, le Hiérophante présentait aux époptes un épi de blé, après l’avoir tranché en silence sous leurs yeux. Le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance était ainsi évoqué : le grain, après s’être développé sous terre et avoir poussé jusqu’à l’air, où l’eau tombée du ciel avait fourni à la plante sa sève nourricière, et que le feu solaire ait achevé de le faire mûrir, se trouvait de nouveau prêt pour un autre cycle. L’initié ne pourra jamais se satisfaire du point auquel il sera arrivé. Il devra remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier. En effet, il n’est jamais arrivé au bout du voyage, au sommet de la montagne. Chaque phase de progression, porte en elle-même le germe de l’évolution future et nécessite de se remettre à l’œuvre pour parfaire ce qui a été ébauché. Tel le grain sous terre, le récipiendaire dans le cabinet de réflexion doit passer par une phase de putréfaction. Devenu tige et épi, le grain progresse vers la lumière comme le compagnon. Enfin, lors de la moisson qui sépare l’épi de la tige, le grain meurt en portant beaucoup de fruits à l’image du maître qui assure la transmission. Arrivé à maturité, l’épi de blé, symbole de croissance et de fertilité spirituelle se prépare à mourir. Dans l’évangile de Jean, Jésus parle de sa mort prochaine en ces termes : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle ». Le développement spirituel est lié à une seconde naissance. Le vieil homme plongé dans les ténèbres meurt au profit du nouveau qui renaît à la lumière. La mort devient fertile puisqu’elle perpétue ainsi la vie.

L’épi de blé, était également symbole d’Osiris et donc de Dionysos puisque nous avons vu qu’il en était la représentation en Attique à cette époque. L’histoire de ce dernier avait été contée lors des Petits Mystères aux mystes en vue de leur future initiation. Ainsi, par-delà la symbolique précédemment évoquée, les époptes reconnaissaient également Dionysos dans cette dernière scène. C’était le roi des morts qui se manifestait et s’offrait à leurs yeux, comme preuve qu’il acceptait leur foi et leur assurait sa protection dans son royaume.

Dans un premier temps, l’initié devenu disciple de Déméter, recevait la garantie qu’il échapperait à tous les périls dans sa descente aux enfers. Dans un second temps, il était consacré à Dionysos, et gagnait en plus la certitude d’être bien accueilli par le roi des morts et d’occuper une place privilégiée dans son empire.

                                                                                                         

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Laurent Dur :. 

Février 6019

 

 



01/05/2021
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