« L’Evangile Selon Jean ou Un Chemin de Vie » 9/11:22

 

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Le travail proposé est une libre interprétation symbolique de l’Evangile selon Jean issu du V :. L :. S :. (Bible Segond) dans le plus grand respect des croyances de chacun. Il ne saurait en aucun cas être la présentation d’une quelconque vérité et ne représente que la perception de son humble rédacteur.

 

Dès le prologue de l’Evangile, l’essence même de l’enseignement qui y est dispensé, est présenté au lecteur. Ainsi, Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu (Jean 1:1). Quelques versets plus loin, Jean indique que la Parole a été faite chair, et qu’elle a habité parmi nous (Jean 1:14). C’est effectivement, en s’incarnant dans le Christ, qu’elle s’est matérialisée parmi les hommes. Ce dernier, qui était exemplaire, archétype de l’homme accompli représente le parfait initié que nous nous efforçons de devenir. Ainsi, la Parole représentée par le Christ, parfait initié est ce, vers quoi il faut tendre. Par ailleurs, dans les Psaumes (Psaumes 82 :6) il est dit : Vous êtes des Dieux . Chaque constructeur, est à l’image de Dieu, créateur suprême. Constructeur et créateur de lui-même, chaque homme possède en son sein l’être en devenir, la Parole, archétype de l’initié, qu’il s’efforce de faire éclore par son travail initiatique. C’est pourquoi toutes choses ont été faites par la Parole, et que rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle (Jean1:3). À tout moment, la Parole accompagne son créateur, y étant intimement lié, et l’inspire dans sa construction. L’initié, constructeur et créateur de lui-même, porte enfouie en son sein, son individualité véritable et son 2 être premier. L’évolution de l’homme passe forcément par lui-même. Il doit travailler à retrouver ce qui est dissimulé au plus profond de lui et qui le constitue en Vérité.

La Parole était la vie, et la vie était la lumière des hommes (Jean 1:4). Cette vie, qui est en chacun, peut être considérée comme l’expression la plus aboutie du développement de l’homme. Comme être accompli, porteur du plus haut niveau de conscience et de spiritualité. C’est pour cela, que la Vie est Lumière. Malheureusement, la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point reçue (Jean 1:5) car l’homme imparfait, drapé dans ses préjugés et sa volonté de paraitre, prisonnier de son ego et de ses ombres, s’est laissé éloigner de lui-même, de sa personnalité véritable, de sa réalité, de son centre, et a laissé sombrer, au fonds de ses ténèbres, ce qui le constituait au plus haut degré comme homme éthique et spirituellement élevé.

L’initié possède en lui tous les ressorts nécessaires pour progresser, se redresser et s’élever. C’est donc un véritable parcourt initiatique qui lui est proposé. Dès les noces de Cana, il lui est annoncé qu’il doit travailler sans relâche à son amélioration, à son perfectionnement intellectuel, moral et spirituel, lorsque l’eau fut changée en vin (Jean 2:9). En effet, l’eau de la vie, l’eau primordiale, l’eau constitutive de l’homme primitif s’est transmuée en vin. Ce breuvage issu de la fermentation du raisin, devenu spiritueux, symbole d’élévation spirituelle, indique qu’il va falloir se transformer. L’annonce de la transmutation, du Grand Œuvre à venir, est faite. Cet œuvre va avoir pour objet l’érection du Temple dont les initiés sont à la fois les constructeurs et les matériaux ainsi que le Christ le rappel lorsqu’il parle du temple de son corps (Jean 2:21) en chassant les vendeurs et les marchands. Ce qui se construit, c’est l’initié. Ce qui est sacré, c’est le temple, c’est l’homme.

Une nuit, Jésus s’entretenant avec le Pharisien Nicodème, lui dit que si un homme ne nait de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu (Jean 3:3). Ainsi, tel l’apprenti passant la porte basse, l’initié doit laisser mourir le vieil homme (Romain 6:6 - Ephésiens 4:22 - Colossiens 3:9), pour renaitre à une vie nouvelle, afin de pouvoir s’engager sur le chemin du progrès et de la lumière, car les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises (Jean 3:19), en ce sens qu’il leurs est plus aisé de se laisser aller à leurs pulsions primaires et à leurs passions, plutôt que de privilégier la vertu. En revanche, celui qui agit selon la vérité vient à la lumière (Jean 3:21). Celui-ci est en adéquation et en conformité avec lui-même, il a abandonné le paraitre pour l’être, il agit en conscience. C’est en réglant ses inclinaisons et ses mœurs qu’il parvient à donner à son âme ce juste équilibre qui constitue la Sagesse, c’est-à-dire : l’Art de la Vie.

Lorsque Jean le Baptiste, portant un vêtement de poils de chameau, représentant la part primitive et animale de l’homme, dit en parlant du Christ : Il faut qu’il croisse et que je diminue (Jean 3:30), il souligne la nécessité de mettre un frein salutaire à nos passions, à ce que notre esprit prenne le contrôle de notre part animale. Celui-ci doit être accoutumé à ne concevoir que des idées d’honneur et de vertu par l’ascèse initiatique. L’alchimiste dirait qu’il faut spiritualiser la matière.

Alors que Jésus voyage de Judée en Galilée, il rencontre au bord du puit de Jacob, une femme Samaritaine. Après lui avoir demandé de puiser pour lui de l’eau, il finit par lui donner de l’eau vive afin qu’elle n’ait jamais soif (Jean 4:10-14). Il s’agit là, de la rencontre du pur et de l’impur, de la lumière et des ténèbres. L’homme est engagé à se réconcilier avec son côté sombre incarné par la Samaritaine, femme impure et de peu de vertu. Pour pouvoir progresser, il faut accepter ses imperfections et ses défauts, en vue de mieux les comprendre et d’y remédier. Ainsi, l’eau du Christ comme la Lumière que chacun porte en lui, est rédemptrice et purificatrice. La rencontre a lieu au bord d’un puit, ainsi que ce fut le cas de nombreuses fois dans l’ancien testament comme préalable à de futures alliances. Cette rencontre est annonciatrice du mariage des opposés, du Soleil et de la Lune, du Roi et de la Reine. Elle rappelle la nécessité de réconcilier les oppositions nécessaires et fécondes et de rassembler ce qui est épars.

A Jérusalem, près de la porte des brebis, il y a une piscine qui s’appelle en hébreux Bethesda entouré de cinq portiques. Sous ceux-ci étaient couchés de nombreux malades, aveugles, boiteux, paralytiques qui attendaient que les eaux s’agitent pour y descendre car le premier à y plonger était guéri, quelle que fut sa maladie (Jean 5:2-3). Un homme malade depuis fort longtemps désespérait, car personne n’était là pour le jeter dans la piscine lorsque l’eau s’agitait, et que d’autre y parvenaient avant lui. Alors Jésus lui dit, lève-toi, prend ton lit et marche (Jean 5:8). Aussitôt cet homme fut guéri. Mais le chemin vers la Lumière est long et difficile, il ne faut pas s’attarder dans les sentiers fleuris, ni s’égarer dans le labyrinthe de l’erreur. Tel le postulant pénétrant en claudiquant dans le temple lors de son initiation, il ne faut pas attendre le salut des autres, mais se prendre en main et travailler soi-même, avec persévérance à son émancipation progressive et pacifique. En effet, c’est à force de travail, de pugnacité, d’opiniâtreté qu’il est possible de se préserver des passions, de s’affranchir de la corruption du vice et d’assurer sa liberté. Ce travail est pénible et demande des sacrifices, et notamment celui de l’ego. Il faut travailler avec entrain, sans attendre une quelconque récompense, car seule son amélioration compte. C’est en ce sens que Guillaume 1er d’Orange, dit Le Taciturne, rappelle « qu’il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ».

L’homme peut progresser intellectuellement, moralement, et s’élever spirituellement ainsi que Jésus l’enseigne en multipliant les pains et les poissons pour la Pâques. En haut de la montagne, signe d’élévation spirituel, dont l’ascension est abrupte et difficile, Jésus pris les pains, et les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des poissons, autant qu’ils en voulurent (Jean 6:11). Et pourtant, il y avait 5 000 hommes, et il n’avait que cinq pains et deux poissons. Le pain issu de la farine de blé, qui a levé et s’est transformée, évoque une conscience élevée. Le poisson symbole de la fécondité et de la vie primordiale, représentant le 4 souffle de vie, le « Ruah » hébraïque ayant donné vie à Adam, est signe d’élévation de l’esprit. Leur multiplication suggère un développement de la conscience et une élévation spirituelle. Les 5 000 hommes représentent le cinq de l’homme parfait, l’homme de Vitruve, inscrit dans un carré et un cercle suggérant l’alliance parfaite entre la terre et le ciel, entre le corps et l’esprit ; et ce, de façon emphatique, puisque multiplié par mille. Le travail effectué porte ses fruits, et grâce à celui-ci, l’initié va pouvoir se réaliser.

En ce sens, il va pouvoir maitriser ses passions, tel Jésus marchant sur la mer (Jean 6:19). En effet, la mer, agitée et trouble, ne permet pas de voir en son sein. Qui plus est, elle laisse supposer que de nombreux monstres aquatiques y séjournent prêts à dévorer l’imprudent s’y aventurant. Ainsi, la mer peut figurer l’inconscient renfermant pulsions, peurs, et ombres. Marcher sur celle-ci est faire la démonstration qu’il est possible de s’en affranchir, de les maitriser, mais sans pouvoir néanmoins s’en débarrasser. En effet, ce serait un vain espoir que de croire le contraire, puisqu’ils sont constitutifs de chacun. Il faut apprendre à les apprivoiser, à les maitriser. Ainsi, le Christ, lors de la confession de Pierre, indique à ses douze disciples qu’un d’eux est un démon (Jean 6:70), en parlant de Judas. Le douze est symbole de complétude et de totalité. Les douze disciples représentent la totalité de l’être et ses multiples facettes comme les douze heures du jour, les douze mois de l’année représentent la globalité du temps. Certains traits de notre caractère peuvent être vils et laids, voire terriblement ténébreux. Il faut savoir les découvrir en explorant notre personnalité pour acquérir la connaissance de nous-même, en inspectant les profondeurs des fondations aussi bien que les hauteurs du faitage du temple en construction. Ainsi, la maxime de Socrate « connais-toi toi-même » prend-elle tout son sens. Pour ce faire, il est néanmoins nécessaire d’y voir clair à l’extérieur, comme à l’intérieur, de soi-même. C’est ce qu’exprime l’enseignement de Jésus, lorsqu’il guéri un aveugle-né, en l’exhortant à aller laver la boue qu’il a sur les yeux au réservoir de Siloé. Je me suis lavé, et j’ai recouvré la vue (Jean 9:11) dit-il. Il faut être capable par l’introspection mais également grâce au reflet des autres de voir la réalité de soi, tout en abandonnant les filtres sociétaux mis en place depuis notre enfance. L’homme plongé dans l’ignorance et la superstition, et dominé par ses passions ne peut être qu’aveugle à la Vérité.

Tout ce travail est difficile, pénible et long. L’initié peut s’en lasser, perdre la vigilance et la persévérance qui sont sensés le caractériser, en un mot, il peut tomber gravement malade, comme Lazare de Béthanie. Il peut tomber malade au point d’en mourir. Lazare est mort (Jean 11:14) quand Jésus arrive. Il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est dans le sépulcre (Jean 11:39). Lazare a succombé à ses passions, à ses vices. Il est retombé dans la matière comme le quatre, des jours écoulés, le souligne. Il est mort à la lumière. Mais tout n’est pas perdu, il peut quand même se ressaisir, reprendre la route du Devoir et de l’élévation morale et spirituelle. Ainsi, lorsque Jésus, incarnation de l’Esprit, l’admoneste : Lazare, sors ! le mort sortit (Jean 11:43-44).Il est néanmoins nécessaire de passer par une mort symbolique, pour pouvoir renaitre à une nouvelle vie, et progresser. C’est pourquoi Jésus, lorsqu’il parla de sa mort prochaine, dit : si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jean 12:25). Tel le serpent qui mu, il faut abandonner sa vieille peau pour pouvoir ensuite se redresser. Le vieil homme (Romain 6:6) doit mourir pour que le nouveau puisse renaitre. Il faut changer de voie, abandonner la pente glissante menant à l’abime des vices et des passions et se retourner pour prendre le chemin ascendant, pavé de vertu et de moralité, menant vers les sommets. Alors, l’initié aura le cœur empli de joie, telle la femme lorsqu’elle enfante qui éprouve de la tristesse, parce que son heure est venue ; mais qui, lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, ne se souvient plus de la souffrance, à cause de la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né (Jean 16:21).

Lorsque le Christ répondit aux questions des apôtres, il leur communiqua vraisemblablement le message le plus mystique de son enseignement : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissiez, vous connaitriez aussi mon Père (Jean 14:6-7). Jésus en tant que parfait initié, qu’homme accompli, représente la vie au sens le plus élevé et le plus noble du terme. C’est en suivant sa voie que nous pouvons nous élever moralement et spirituellement, pour ensuite tendre vers la Connaissance, vers le Principe, mais néanmoins sans jamais y arriver, car la Vérité est inaccessible à l’esprit humain, il s’en approche sans cesse, mais ne l’atteint jamais.

Lors de ces derniers entretiens et discours, Jésus donne ses dernières instructions à ses disciples : Mes petits-enfants : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimé, vous aussi, aimez-vous les uns les autres (Jean 13:34). Il renchérit un peu plus tard : Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs (Jean 15:14-15). Les disciples représentent encore une fois la totalité de l’être. Mais la relation à ceux-ci prend une autre tournure. Ils deviennent : mes petits-enfants, mes amis. Cette fois, quel qu’ils puissent être, il est nécessaire de faire la paix avec eux et de les aimer. Judas trahira le Christ, puis Pierre le reniera, il le sait. Ce sont ses cotés obscurs et ténébreux. Mais néanmoins, il faut aimer chaque part constituante de soi, y compris les moins belles. Il faut être en mesure de les accueillir, de les réunir, de les rassembler pour transformer ce qui constitue nos dualités en quelque chose de positif et de fécond. Cela est nécessaire, incontournable, mais difficile et dangereux, car à l’instar de Judas, nos compagnons de route peuvent être dangereux et nous trahir. Ces mauvais compagnons, incontrôlés, peuvent causer notre perte. C’est ainsi que le Christ fut crucifié, au lieu du crane, qui se nomme en hébreux Golgotha (Jean 19:17-18). Mais fort heureusement, il ressuscita plus radieux que jamais, trois jours plus tard, ayant accédé à la Lumière. Le Grand Œuvre arrive à son terme, la Pierre est enfin à portée de main de l’Alchimiste. L’initié, devenu adepte, arrivé au terme de son parcours, s’est dépouillé des habits mal coupés dont il était affublé, pour endosser sa personnalité pleine et entière. Il est mort à son passé qui le travestissait, pour renaitre en pleine conscience de lui-même et du monde. Il a accédé à la Vérité et à la Vie. L’ultime message de Jésus : La paix soit avec vous ! (Jean 20:19) fait écho à celui du V :. M :. lors de la fermeture des travaux. Ce n’est qu’après avoir abandonné nos métaux, fait tomber les barrières illusoires de nos préjugés, raboté les boursouflures de notre ego, maitrisé nos passions et concilié nos dualités, qu’il est possible d’accéder à la paix intérieure, à la paix de l’âme et de l’esprit en tant qu’individu réunifié. 

L:. D:.

9 Octobre 6022

 



10/11/2022
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