Boaz

 

 

Difficile de parler de la colonne Boaz sans parler de son pendant la colonne J. C’est un peu parler de Smith sans Wesson, de Caïn sans Abel, etc…

Mais je vais tenter de le faire sachant que je vais parler du REAA car au rite Français les colonnes et le mot de l’apprenti sont inversé.

Dans la Bible, le livre de Ruth est presque entièrement consacré au personnage de Boaz et à son histoire.

Boaz, habitant Bethléem, voit arriver une parente, Noémi, accompagnée d’une de ses brus, une Mohabite, du nom de Ruth. Boaz, allant à l’encontre de ce qui est établi, accueille l’étrangère, il lui permet de glaner dans ses champs, la protège, et finit par l‘épouser. De leur union naît Obed, qui engendra Jessé, qui engendra David, fameux roi, vainqueur des ennemis des Hébreux et père de Salomon, celui‐là même qui construisit le premier temple fixe de la divinité.

Quelques pages plus loin, c’est dans le Livre des Rois que la construction du temple de Salomon nous est contée. Nous apprenons que le bronzier Hiram a placé à l’extérieur du temple, sur le parvis, deux colonnes, la colonne de gauche avait le nom de Boaz.

Le récit du temple du roi Salomon est d'une grande importance car chaque détail de l'édifice possède une importante signification ésotérique. Les deux colonnes agissent comme un ''portail conduisant aux Mystères'' par leur situation de chaque côté de l'entrée vers un endroit sacré.

Il est dit à l’apprenti, lors de sa première instruction que la colonne Boaz était la représentation de l’une des deux colonnes qui se trouvaient à l’extérieur du temple de Salomon, à gauche. Comme son pendant de droite, elle paraît ne rien supporter. Elle est ornée d’un chapiteau entouré de grenades. Celui-ci est aussi visible dans notre temple maçonnique. Il me semble que cette colonne Boaz, dédiée à l’apprenti, est avant toute chose un poteau indicateur. C’est aussi une perpendiculaire qui s’appuie sur la terre et s’élève vers le ciel. Elle invite à se tenir debout, à s’élever. Je repense au VITRIOL du cabinet de réflexion qui propose une exploration verticale descendante. La colonne paraît inciter maintenant à être debout, à s’élever spirituellement, c’est à dire à une exploration verticale, cette fois-ci, ascendante

Au même moment, il est donné à l’apprenti la signification de Boaz : En force.

Le préfixe Beth indique en ou avec ou dans. Etymologiquement, ce mot signifie en force ou avec force ou encore dans la force. Boaz donne donc une notion de capacité, d’accomplissement et cette force à mettre en place n’est bien évidemment pas une force extérieure brutale, mais plutôt une force intérieure maîtrisée qui correspond à la véritable virilité. Il me semble que cette force est à la fois la conviction que je dois avoir avant d’entreprendre, aussi la motivation dont je dois faire preuve pour réaliser et enfin et surtout la force de caractère que je dois avoir pour me battre contre moi, pour prendre conscience de mes dualités et ainsi les surpasser.
Que ce soit dans la Bible ou au Rite Ecossais Ancien et Accepté, nous avons vu que Beth est le point de départ, que Boaz est l’ancêtre de Salomon, le constructeur du temple. Cette colonne, point de repère de l’apprenti montre la direction du savoir, de la connaissance et du développement intérieur...

 Il me semble important de revenir au Beth qui est la première lettre de la Bible et donc du premier mot de celle-ci : Bereschit. Pour un hébraïsant, la première lettre de chaque mot porte l’énergie du mot.

La lettre Beth initiale de Boaz symbolise la maison, un édifice, une construction.

« C’est par la sagesse qu’une maison s’édifie et c’est par le discernement qu’elle se consolide » (Proverbes 23, 3).

Retrouver le B sur la colonne à l’ombre de laquelle les apprentis travaillent, c’est à mon avis placer ceux‐ci sous l’égide de ce commencement, de cette genèse. Venant du chaos extérieur, nous commençons à séparer actif/passif, lumière/ténèbres, sec/humide... puis nous nommons et nous identifions. Cette méthode utilisée par la genèse pour organiser le chaos est celle que nous essayons d’utiliser pour organiser notre propre intérieur, pour tenter d’aboutir à un homme nouveau tel que la franc‐maçonnerie nous appelle à devenir.

Rappelons-nous aussi que le mot Boaz correspond au mot sacré de l’apprenti et qu’il est transmis par certains officiers de la loge, épelé à l’oreille jusqu’à ce qu’il revienne au VM juste et parfait. Certains associent à Boaz le fil à plomb de l’Apprenti, un appel à descendre en soi à se dépouiller de ses préjugés, à tailler sa pierre brute n vue de parvenir à une certaine perfection spirituelle. Boaz serait une quête intérieure qui passerait par l’effort.

On associe aussi Boaz au solstice d’hiver, à Jean l’Evangéliste.

La phase du déclin du soleil correspond à un effacement progressif du monde extérieur. C’est le moment du travail sur soi et le solstice d’hiver marque l’aboutissement de ce travail : c’est Boaz.

Ce qui me semble le plus important à retenir c’est qu’en franchissant la porte de notre loge, la présence des deux colonnes forment une sorte de porte initiatique, et se justifient pour bien marquer notre passage dans un lieu hors du temps profane pour entrer dans un monde sacré et l’inverse lorsque nous en sortons.

Et lorsque nous franchissons cette porte, l’union de ces deux colonnes en génère une troisième, au milieu qui représente ésotériquement l’homme, l’humanité, l’Harmonie. L’harmonie

Quant au salaire que nous recevons sur nos colonnes il symbolise l’enrichissement intellectuel et moral que chaque tenue nous apporte.

Pour finir, deux mots sur l’arbre séfirotique :

L’arbre de vie séfirotique peut être subdivisé en 3 piliers ou colonnes :

  • la colonne de droite (J) est le pilier de la rigueur, de la miséricorde. Il représente la force active dans le sens de puissance énergétique, le blanc, le yang, le masculin, le père,
  • la colonne de gauche (qui peut être associée à Boaz) est le pilier de la miséricorde,  Il représente la force active dans le sens de puissance énergétique, le blanc, le yang, le masculin, le père,
  • la colonne du centre est celle de l’initié lui-même, elle représente la conscience et l’équilibre.

A noter que les deux piliers extérieurs correspondent aux deux colonnes J et Boaz qui étaient placées à l’entrée du Temple de Salomon. Le symbolisme de ces deux piliers est par ailleurs très présent en franc-maçonnerie.

 


L’élévation de l’initié à travers les 3 voiles.

Les 3 voiles peuvent représenter trois séparations horizontales qui montrent les limites que l’individu doit franchir pour s’élever :

  • Le premier voile, entre Malchut et le reste de l’arbre, est celui de l’initiation. C’est l’initié qui commence son travail : il plonge en lui-même et découvre le domaine du spirituel, au-delà des illusions.
  • Le deuxième voile sépare les trois Sephiroth du monde psychique (Yesod, Hod et Netzach) des trois Sephiroth du monde mystique (Tiferet, Gevurah et Hesed) : le traverser, c’est réaliser la “petite illumination”, c’est prendre conscience de sa nature profonde.
  • Le troisième voile sépare les trois Sephiroth du monde mystique (Tiferet, Gevurah et Hesed) des trois Sephiroth du monde métaphysique (Binah, Chochmah, Keter). L’initié vit alors une expérience qui dépasse son individualité.
  • Enfin, le quatrième voile serait celui qui sépare l’arbre de vie du non-créé primordial, l’Ayn Sof, inatteignable et indicible.

A noter que ces notions peuvent être mises en parallèle avec les transmutations alchimiques ou encore l’interprétation de certains arcanes du Tarot.

Enfin, par sa colonne centrale, l’arbre de vie kabbalistique décrit l’ascension de l’âme : de l’ego (Yesod) au coeur (Tiferet), avant de rejoindre l’âme de l’homme primordial (Adam Kadmon).

Notons que dans la vision kabbalistique, l’être essentiel présent en tout humain est, tout simplement, Dieu.

 



25/08/2021
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