DANTE (suite)
DANTE
2ème partie
-Politico-Historique :
Nous pouvons aussi nous pencher sur les contemporains de Dante et partir de la vie politique et historique pour nous acheminer lentement vers la construction de notre cerveau. Le lecteur peut, se basant sur les fautes, les vices et les vertus de ses contemporains, sans excuses et sans concessions personnelles avoir envie de comprendre où il se situe et où il aimerait se situer. Ainsi, pour qui connaît la vie des personnages historiques des rencontres de La Comédie, ou qui sait ce que l’inconscient collectif en retient, il devient clair que lorsque les hommes agissent, ils engagent leur âme. Si leur âme est engagée, et si elle a versé dans le côté obscur, arrive alors la punition éternelle. Comprendre en tout cas qu’à chaque action correspond une récompense sombre où éclairée, et que chacun est responsable de ses actes. Et cette réflexion se fait sur l’exemple ! Le simple lecteur est attiré dans le voyage. Sa réflexion, aussi basique soit-elle, se met en marche, il n’est plus son référentiel, il en change. Ce n’est plus les autres par rapport à lui, ce n’est plus son individualité et les autres qui tournent autour, mais bien les autres qui ont eu accès à leur finitude terrestre face à la récompense dévoilée qu’il ont eu de leurs actions qui deviennent le référentiel de la propre existence du lecteur.
Bref, c’est la construction d’une idée supérieure par le biais d’éléments simples et vécus.
Mais tout cela on s’en doute bien pour préparer l’action spirituelle.
-Philosophico-Théologique :
Mais on a tôt fait de découvrir que le grand poème de Dante n’est pas seulement un édifice médiéval, une cathédrale imposante et dûment classée, une peinture de la société, et des croyances : c’est surtout un poème de l’imminence au regard du destin du monde, au regard des chances de l’homme dans l’autre vie, mais aussi dans celle-ci, au regard des anxiétés que fait peser sur la conscience collective l’appréhension d’une fin des temps.
Dans La Comédie est contenu la théologie du moyen âge : la somme des connaissances, la réflexion, les commentaires de cette science. Les références à la Bible, aux apôtres, les références aux grands auteurs christiques ou pré-chritisques, nous balayons ainsi l’époque qui va de Virgile à Saint Thomas d’Aquin.
Cette somme de connaissance permet de cheminer vers l’empyrée et la lumière éternelle. A chaque étape du voyage, elle nous renvoie à la perception de plus en plus intime de la science théologique, des vertus théologales.
Elles nous permettent d’aller plus loin en passant de la doctrine à la perception intime par la personnification que Dante nous propose : Ce n’est plus Dante qui voyage, mais nous même ! Que faire pour arriver à l’autre monde et à la connaissance de l’autre vie. Que faire pour aller au paradis. Que faire pour éviter l’enfer ? Que faire lorsque l’on se retrouve au purgatoire ? Le purgatoire, qu’est-ce que c’est ? Comprendre la théologie sans avoir recours à la philosophie est aussi un chemin que Dante veut que nous arpentions : aller de plus en plus dans les connaissances : analyser la portée du bien et du mal, comprendre la raison humaine, les défaillances humaines. Passer par les auteurs, et scientifiques de tout poil que Dante nous fait rencontrer. Se dire que s’il les livre à notre sagacité, c’est qu’eux-mêmes ont des éléments à nous livrer : comprendre Virgile, Aristote philosophe par excellence, qui dans la version primitive de la comédie était sans doute le guide de Dante, Socrate, Platon, à travers eux, Cicéron, Saint Thomas d’Aquin, Hippocrate, Diogène, Anaxagore, Thalès, Empédocle, Héraclite, Zénon, Linus, Sénèque, Euclide, Ptolémée, Averroès et je ne vous livre pas le quart de ceux à qui il fait référence. Vous dire que je connais tous ces auteurs seraient évidemment pur mensonge, mais Dante, m’incite à les connaître, à réfléchir à la portée de leurs travaux sur l’expérience de l’humanité.
Dante nous fait réfléchir aussi sur le fait que l’homme possède en lui la perfection, mais qu’il l’oublie régulièrement pour se tourner vers les bêtes terrifiantes qui ne sont que des allégories de l’envie, de l’orgueil, de la cupidité. Ou carrément de tous les pêchers capitaux.
Dante veut nous faire entrer dans la connaissance de Dieu, celui de la justice, celui de la miséricorde, celui de l’amour infini : essence de tout être.
Connaître et réfléchir, pour mûrir doucement calmement, au fil des pages parcourues, une ouverture d’esprit supérieure. L’Idée supérieure. L’Idée qui est représentée par Jésus, permettant d’aller à Dieu qui est le verbe en passant par la raison supérieure qu’est le Saint esprit.
La philosophie, ou la théologie nous aide dans la recherche de Dieu, par l’intermédiaire de Virgile, la sagesse morale mais aussi par celle de Béatrice : la sagesse humaine qui est allée au sein de la révélation lumineuse pour terminer par la sagesse mystique, celle de Bernard de Clairvaux.
L’ésotérisme :
Cette action spirituelle, cet enracinement dans l’ésotérisme est présent à qui veut le voir à chaque vers du Poète, je vais me contenter d’évoquer trois exemples pour induire la réflexion que les écrits du poète peuvent soumettre car si on se base sur la parole de Joyce:
« j’aime Dante presque autant que la Bible. Il est ma nourriture spirituelle, le reste n’est que remplissage », vous comprendrez aisément que je ne peux pas vous faire un résumé spirituel de la comédie. Elle est. Point. Ses sens ses interprétations sont trop nombreuses pour tenter de cerner l’idée en quelques mots. Au même titre tout le monde s’accordera à reconnaître que Jonathan le goéland, est autre chose qu’un simple traité sur le vol et la vie communautaire des palmipèdes piscivores de l’ordre des Lariformes.
La portée ésotérique de la comédie dès que l’on est tant soi peu initié, même si l’on n’en perçoit pas l’absolue compréhension, peut se voir dès l’abord poétique de l’œuvre.
Considérons la métrique du poème sacré :
Tout d’abord, sans doute dans un but de recherche de fluidité, le poème est composé selon la terza rima, c’est à dire par tercets (groupe de trois vers) : le premier vers rime avec le troisième alors que le second, une nouvelle rime, rime avec le premier du groupe de trois suivant, qui lui même rime avec le troisième. Le second, une nouvelle rime, rimera alors avec le premier du tercet suivant et ainsi de suite...
On peut même voir dans cette métrique le quatro sensi :
Ainsi on a une lecture qui évoque la marche continuelle. (Sens littéral)
Ainsi on a une évocation de la trinité. (Sens théologique)
Ainsi on a l’évocation de l’homme coincé entre les deux pouvoirs temporel et spirituel. (Sens politique)
Alors que lui même sera créateur, au tercé suivant, de lui dépendra les deux pouvoirs (Sens Esotérique)
Que dire du chiffre 3 ? (Sens Esotérique)
Il est aussi important de considérer que la comédie est divisée en trois parties, elles-mêmes composées de 33 chants. Plus un chant additionnel de prologue ce qui porte le nombre total de chants à 100 symboles de la perfection absolue.
On peut de même démontrer l'existence dans le poème de trois paires de chiffres possédant une valeur symbolique privilégiée.
Il s'agit des couples 3-9, 7-22 et 515-666. Les fameux 515 et 666 remplissent la trilogie : 666 vers séparent la prophétie de Ciacco de celle de Virgile, 515 la prophétie de Farinata de celle de Ciacco; 666 s'interposent de nouveau entre la prophétie de Brunetto Latini de celle de Farinata, et encore 515 entre la prophétie de Nicolas III et celle de messire Brunetto». L'alternance de ces chiffres 515 et 666 correspond à l'alternance des opposés symboliques représentés par le Christ et l'Antéchrist, ou encore par le Nombre de la Bête invoqué dans l'Apocalypse de Jean («qui est un chiffre d'homme») alternant avec le chiffre du «Messo di Dio», qui s'avère être le symbole numérique du Consolateur.
Tout cela pour dire que de la simple poétique et rythmique, en étant loin de pratiquer l’art de la tétrapiloctomie, il faut se rendre compte de la précision métronomique et de l’ampleur de la tâche que Dante s’est assigné. Le résultat de douze années de travail n’est pas dans le hasard.
Au commencement était le Verbe dit l’évangile de Saint Jean.
Et le verbe était auprès de Dieu
Et le verbe était Dieu
Il était au commencement auprès de Dieu
Tout fut par lui,
Et sans lui rien ne fut....
Or Dante va vers Dieu que parce qu’il entre en conversation, non pas babillage, mais en parole construite, essentielle, archétypale, parce qu’il pratique le verbe. Dante nous affirme que l’avancée ne peut-être que dans le verbe. Ici, le verbe est créateur du Verbe. Parler crée le rapprochement de Dieu. Parler crée Dieu.
Dante nous l’avons vu ne peut entreprendre son voyage qui part du milieu de notre vie que s’il est accompagné par un guide. (De midi à minuit –pourquoi midi ? – parce que l’homme doit avoir atteint le midi de sa vie avant de pouvoir être utile à ses semblables) Il est aisé d’en dénombrer trois : Virgile, Béatrice et Saint Bernard (on peut réfléchir à notre manuel qui nous dit que pour qu’une initiation soit faite, il doit y avoir au moins trois MM . :), mais il me semble pour peu que l’on s’attarde sur le poème, qu’on voit que chaque rencontre contribue à la progression vers l’orient par l’échange, par la parole construite. Que chaque rencontre amène la progression. Ils sont tous guides de Dante. On peut comprendre l’enfer comme la vie profane, le purgatoire comme les épreuves initiatiques et le paradis comme le séjour des parfaits. Ce qui sous entend que pour commencer l’initiation, il faut déjà avoir fait un travail sur soi-même, grâce à un guide tel que Virgile qui ici représente la raison humaine qui conduit à la réussite d’une quête par l’exaltation des idéaux de paix et de justice. En effet, il faut avoir commencé, même inconsciemment, à sonder les ressorts de son être, afin de pouvoir entreprendre l’initiation en elle-même. Tu es mon maître dit même Dante à Virgile. La progression de Dante nous fait dire aussi qu’elle n’est pas chaotique, génératrice de souffrance, mais qu’elle se fait lentement, sans à coup, qu’il ne faut pas hésiter comme Dante, à passer son temps à interroger, et écouter simplement la réponse que chaque âme est obligée d’apporter, c’est à l’initié d’être curieux de tout, voir, comprendre, ne pas hésiter à s’arrêter dans sa progression pour faire le point. (Frappez et l’on vous ouvrira, cherchez et vous trouverez, et demandez et vous recevrez) Le travail de progression se fait alors tout seul. Il arrive à Dante de s’endormir dans son périple, et lorsqu’il se réveille, il est en fait beaucoup plus loin, face à des portes.
Mais il est à noter que ce n’est pas Dante, le débutant qui choisit son maître de progression sur une longue distance, que ce n’est pas à l’initié de choisir son guide, mais que son guide, arrive, de façon évidente, il se révèle à lui, et alors a disparu le précédent. Dante était seul, il voyait la montagne, il voulait y aller, arrive Virgile, puis Virgile disparaît et apparaît Béatrice ; même tour de passe-passe entre Béatrice et Bernard de Clairvaux. Tout vient à point à qui sait attendre.
Dante nous intime aussi la réflexion que la vérité est dans l’échange et que quiconque demeure en retrait à son niveau ne concourre pas à la connaissance.
Mais il est à noter que Béatrice, même si elle est présente constamment à l’esprit de Dante, n’arrive qu’à l’entrée du paradis, c’est à dire bien après la moitié du poème. C’est à dire que le but recherché doit être identifié dés le début de la quête : La quête ici est le sommet de la montagne où il s’avère que Béatrice l’attend. C’est à dire que le but est Béatrice elle-même. C’est à dire surtout qu’il ne peut y avoir de quête sans la connaissance intime de son Saint Graal. L’odyssée ne peut être que si l’on a assimilé sa Béatrice. S’en suit la progression pour enfin rencontrer le but qu’on s’était fixé. Nouvelles interrogations pour finalement voir que dans les yeux de notre propre Béatrice irradient les choses qu’elle connaît et qui sont de nous encore inconnues. La questionner alors sur l’inconnu et se retrouver irrémédiablement dans la quête de la lumière. Jusqu’à ce que notre Béatrice elle-même qui n’est pas la lumière, se trouve face à sa propre limite, survient alors notre Saint Bernard qui nous fait comprendre quel était réellement le Graal que nous cherchions, tout recouvert qu’il était lui aussi de m étaux qu’il aurait fallu laisser à la porte du temple. Et enfin parvenir au saint des saints. A la Lumière.
Du verbe est né le Verbe.
J’ai tenté de vous restituer l'initiation selon Dante : le lecteur doit, lui aussi refaire le parcours. La Comédie implique donc une herméneutique de la poésie, comme Dante a lui-même essayé de comprendre l'au-delà. En traduisant l'au-delà et tous ses mystères en poésie, Dante impose une démarche d'interprétation à son lecteur. De ce fait, comme dans l'Autre Monde, le savoir suprême n'est pas donné, il n'est pas accessible à tous et il s'acquiert au prix de longues méditations.
Le verbe crée le Verbe. Nous sortons d’un processus de cheminement extérieur pour un cheminement intérieur : un acte de RE -création.
Nous retrouvons la pensée d’un contemporain de Dante, un dominicain, Maître Eckhart qui déclare :
«Si Dieu est, j’en suis la cause, car si je n’étais pas, il n’existerait pas"
Il est d’ailleurs curieux de noter que Maître Eckhart, condamné par l’église pour hérésie, à cause de la teneur trop incisive de ses propos, avait lui-même choisit de transmettre au plus grand nombre ses écrits par la langue véhiculaire, en laissant de côté, un latin trop rapetissé par le nombre trop finit de personnes qui comprennent cette langue. Ses écrits, interdit de « publication», n’ont pu nous parvenir uniquement grâce à des copistes qui au péril de leur vie ont permis de transmettre l’œuvre. Dante a plus caché ses propos que Maître Eckart, mais il poursuit cette idée. Dante et Maître Eckhart ont-ils accès à une phrase similaire à notre :
«et que revenu dans le monde profane, on reconnaisse à leur sagesse les vrais enfants de la lumière. », pour vouloir transmettre leur connaissance ?
En fait ils réclament ensemble qu’il faut faire venir Dieu dans son âme, plutôt que tenter d’élever son âme à Dieu. Le chemin ultime qu’ils nous offrent ne monte pas de l'âme à Dieu (transcendance) mais descend de Dieu à l'âme (immanence).
-Sur cette descente de Dieu, une autre réflexion m’est venue, qui s’apparente à la progression : quel est le chemin qui nous permet de progresser sans arrêt ? Si j’ai tout à l’heure parlé d’un mouvement de balancier nécessaire à la compréhension : plus l’homme descend en lui, plus il lui sera possible de s’élever sans effort. La chose est vraie, mais Dante nous dit qu’il faut oublier le mouvement de balancier, bien sûr il descend avec Virgile au centre de la terre et remonte de l’autre coté, dans l’autre hémisphère pour continuer son ascension vers l’Empyrée. Mais il faut voir au-delà des mots : il ne s’agit pas de remonter, mais bien de descendre
encore et encore, de plus en plus loin : l’autre hémisphère est le prolongement de la ligne droite de la descente. Le purgatoire n’est que le premier tréfonds de notre être, il est encore plus bas que cette pierre dont nous sommes à la recherche : ce centre de la terre, il faut toujours descendre. E fait l’Empyrée n’est non plus dans un lointain firmament, mais au centre de nôtre être ou plutôt au centre de notre âme, cette même âme dont Dante nous parle depuis le début de son périple avec toutes celles qui l’entourent et qu’il côtoie. C’est ce qu’on a sous les yeux en évidence qui est le plus difficile à apercevoir. En fait le centre de notre âme est encore plus profond que le centre de notre être. Nous retombons sur cette idée de RE -création, car dans ce cas, Dieu est en nous, il suffit de faire de la place pour le trouver. Cela ne diffère absolument pas du texte biblique : Dieu a fait l’homme à son image, en effet l’homme est Dieu, mais Dieu recouvert de métaux qu’il lui faut déposer.
-Dante fait un travail considérable autour de se comédie, des informations, des pistes de réflexion, il en cache partout, là encore les énumérer et leur donner la portée exacte que Dante y a placé serait une gageure où je ne me risquerais pas, tant de toute façon il y en a beaucoup qui me passe largement au dessus de la tête, mais je ne résiste pas à vous donner quelques exemple très ciblés autour du personnage de Bernard de Clairvaux.
On l’a vu, des rapports très étroits entre Dante et les Templiers existent, outre le fait que Saint Bernard était avec Cluny pour la pauvreté de l’ordre ecclésiastique, alors que Dante voyait dans cet ascétisme la renaissance de l’église, on ne peut laisser de côté l’hommage que rend l’auteur à ce personnage créateur de l’ordre du Temple. Ainsi, Dante truffe son poème de petits signes pour nous indiquer qu’il faut s’inspirer de cet ordre qui, selon lui, était le seul qui pouvait permettre d’accéder au plus haut degré de la recherche spirituelle.
Ainsi, il désigne Bernard comme un contemplante (Par. XXXI,1), un contemplant, un contemplatif, ce qui est déjà en soi une réflexion sur ce qu’est la contemplation pour arriver au dénuement, mais cela veut dire aussi que Dante joue avec les mots et leurs consonances, il faut entendre aussi dans ce mot celui de Temple, le Temple.
Ainsi lorsqu’au 8ème ciel, Dante fait allusion au costume des parfaits en évoquant des vêtements blancs, il serait peut-être bon d’y voir le costume des chevaliers Templiers afin que lorsque quelques vers plus loin Dante en arrive à parler d’une sainte milice en forme de rose blanche, il faudrait peut-être considérer que Dante indique qu’après la destruction du temple de1307 à 1314 celui-ci donnera naissance au Rosicrucianisme.
Sans oublier bien sûr la valeur numérale que peuvent avoir certains mots ou les chiffres symboliques de la métrique qui lorsqu’ils sont traduits en chiffre romain donne des mots latins, ou des abréviations qui peuvent laisser entrevoir des interprétations fort intéressantes.
Ainsi le fameux 515 peut se traduire par le chiffre romain DXV qui peut vouloir dire Dante, Veltro di christi (Dante vecteur de Dieu) ou encore DVX en changeant d’ordre les lettres, pour trouver le dux latin, ou encore y voir le chiffre 11 qui est un signe de reconnaissance dans de nombreuses organisations initiatiques et dont Dante parsème allègrement son poème, ou encore le 6 et le 5 symbole respectif du macrocosme et du microcosme.
Bien sûr, ces notes n’ont que des valeurs d’exemple et Dante parsème allégrement de références ses propos selon différents angles d’attaque afin qu’il nous soit possible de nous éveiller à la réalité.
Son poème met notre esprit en éveil, en marche vers la lumière (Lux en latin, LVX = 65 !), et nous permet de progresser encore et encore.
Toutes ces constatations ne sont pas là pour que vous appréhendiez Dante sous un angle d’érudition, en vous disant : « je dois tout voir, sinon je passe à côté de quelque chose ! », il s’agit seulement de progresser lentement avec lui, d’un pas de promenade, et que vous posiez souvent des questions simples. L’œuvre vous répondra, clairement et votre esprit éveillé à la lumière fera le reste. Ne vous trompez pas de sens de lecture. Cette œuvre si elle a été écrite en langue vulgaire, c’est bien pour que le plus grand nombre ait accès aux mystères et pas uniquement les érudits. Maintenant il n’est pas à ignorer que plus vous progresserez, plus vous serez en mesure de progresser d’avantage.
Avant tout, j’aimerai vous citer Dante pour vous encourager à le lire parce que d’après lui, il faudrait : « Que chacun sache que nulle chose harmonisée par un langage poétique ne peut se traduire sans en perdre toute sa douceur et son harmonie » Et en vous disant cela, je suis déjà fort conscient de vous avoir traduit la phrase de l’italien, et que donc implicitement vous avez déjà perdu un peu du sens de la portée de ce qu’il a exprimé. Mais c’est pour en arriver à mon travail : il ne peut absolument pas être un quelconque reflet de sa versification. Je ne peux pas vous l’expliquer. Lisez Dante. Sortez des ornières tentatrices, et trompeuses dans le résultat, d’aborder les commentateurs encore et encore. N’étudiez pas, consommez avant tout sans relâche.
Je terminerais mon propos par une évocation de ma vie profane pour vous mettre à l’aise sur cette lecture : il existe un livre pour les comédiens qui s’appelle Ecoute mon ami de Louis Jouvet, et ce livre possède cela d’extraordinaire c’est que quelque soit le niveau ou vous en êtes dans votre recherche artistique, ce que vous lisez, touche votre sensitif et vous permets d’aller toujours plus loin. Lorsque vous le reprenez quelque temps plus tard, vous y comprenez autre chose, qui correspond à ce que vous êtes alors. C’est un guide, un garde fou, il en est de même pour La divine Comédie. Et c’est ce qui m’a permis à moi débutant en maçonnerie de vous évoquer un artiste que toujours il vous sera possible d’entendre de l’avant.
"La vérité du Grand Architecte peut se concevoir à tous les niveaux!"
Tableau 7 Tombeau de Dante à Florence |
Michael VAN:.