Le Sablier (24.10.23)

 

sablier.jpg

 

Quand l’impétrant est introduit dans le cabinet de réflexion, il découvre un tableau de symboles qu’il ne peut totalement comprendre à cet instant.

C’est au fil de son parcours initiatique qu’il découvrira l’étendue et la profondeur de leurs significations .Ce tableau a un sens de lecture verticale et le sablier est placé en son centre, comme une étape obligatoire, une difficulté à passer pour aller plus loin. 

Au sens profane, un sablier sert à mesurer le temps et à le matérialiser. Il est composé de deux ampoules de verre aux proportions identiques et symétriques séparées par un fin conduit qui va permettre d’égrener le sable pour remplir sa fonction.

Il peut donc être considéré à la fois de manière linéaire, un début, un milieu et une fin, ou cyclique en le retournant une fois le sable écoulé.

Nous n’avons aucune influence sur le temps puisqu’il obéit aux lois fondamentales de l’Univers. Il ne se mesure pas de lui-même et seulement dans le mouvement.

Le temps n’est pas le mouvement mais sans le mouvement, mesurer le temps nous est impossible.

Nous ne voyons pas le temps qui passe, nous ne voyons de lui que ces effets. Nous pouvons le voir dans les astres, comme nous le voyons sur terre ou sur nous-même.

Le soleil succède à la lune et la nuit succède au jour, les saisons se succèdent ou les cycles cosmiques se succèdent eux mêmes à plus grande échelle.

Notre temps passe à sa propre mesure, nous rapprochant inexorablement de notre fin. Notre intervalle ne sera qu’un segment de temps dans la flèche linéaire du temps car nous ne faisons que passer.

Il est donc naturel, dans le cadre du cabinet de réflexion, tout en rédigeant son testament philosophique que le profane s’interroge sur le temps qui passe, d’en faire un bilan, mais aussi une perspective pour le temps à venir.

 

Une fois initié, le cheminement ésotérique nous permet une lecture plus aboutie du symbolisme. Les symboles du cabinet de réflexion ne sont plus présents dans la loge.

Cependant leurs souvenirs restent forts et leurs messages allégoriques jalonnent le parcours initiatique.

Le temps nécessaire à la bonne assimilation du rituel et des symboles ne se compte pas de façon matériel.

« Il n’est de si longue nuit qui n’atteigne l’aurore. » Macbeth Acte IV, scène III W. Shakespeare.

Il faut donc laisser le temps faire son œuvre avec patience, persévérance et travail.

 

Le sablier peut être interprété de manière plus large, malgré son apparent cloisonnement.

Il est symbole de verticalité, de transmission, d’alternance, de passage et d’oppositions fécondes.

Il est une représentation du cycle de la lumière et des ténèbres, montantes et descendantes.

A l’instar du fil à plomb, il obéit à l’attraction terrestre, le sable s’écoule vers le bas, grain par grain, illustrant la longue application nécessaire à la taille de la pierre.

 

Cette perpendiculaire est le trait d’union entre la partie haute et la partie basse du sablier reliant la matière et la lumière qui s’interchangent en permanence en son sein.

Le plomb de cette perpendiculaire ramène à l’épreuve de la terre, à l’humus : La terre, pour démarrer par l’humilité ou autrement la dissolution de l’égo.

Il faut passer par le plomb pour arriver à l’or, par le fond du puit, pour aller en haut de la colonne.

Le sablier dans le cabinet de réflexion indique alors qu’il convient de vider ce qui est déjà plein, afin de se remplir d’autre chose.

C’est pour cela qu’une partie du sablier se vide pendant qu’une autre partie se remplit :

A mesure que la matière du haut s’égrène vers le bas, la lumière du bas remonte vers le haut.

Ce qui était en bas se retrouvera en haut et ce qui était en haut se retrouvera en bas, jusqu’à un nouveau cycle, de manière équivalente, opposées et complémentaires, pour former l’œuvre d’une seule chose.

 

La verticalité invite à s’unifier et s’aligner afin d’avoir la tête dans les étoiles et les pieds en terre, soit l’équilibre des oppositions fécondes.

 

Le fin conduit par lequel se fait le transfert est une porte basse, un passage entre deux mondes concrets et abstraits, palpables et impalpables.

Il faut s’être affiné pour pouvoir y passer.

C’est une difficulté inhérente pour passer au plan supérieur et le rappel du travail nécessaire pour espérer progresser.

Le goulot d’étranglement matérialise donc cet effort continu indispensable à notre quête d’élévation.

Les réceptacles représentent le nouveau champ de connaissances à s’approprier une fois l’étape franchie.

Le sablier possède une partie qui donne et une partie qui reçoit. Ce qui a donné recevra et ce qui a reçu donnera à son tour. Cet échange perpétuel illustre la transmission de notre tradition et la fraternité dans le partage de la connaissance indispensable au perfectionnement et à l’épanouissement.

 

Le sablier qui nous l’avons vu permet de mesurer le temps linéaire et cyclique est également comparable à la règle à 24 divisions qui permet de concilier les deux : La fuite inéluctable du temps ainsi que l’éternel retour : la nuit succède au jour, et le jour à la nuit, le tout dans écoulement linéaire.

Notre Temple fonctionne également de façon ordonné et par l’échange de forces descendantes et montantes. La voûte étoilée, le soleil et la lune président aux lois cosmiques qui nous gouvernent et qui ne peuvent fonctionner les unes sans les autres.

Nos travaux ouvrent à midi au Zénith, et ferment à minuit au Nadir, les opposés complémentaires selon l’espace temps créé par le rituel.

Le soleil est donc décroissant pendant la tenue. A la manière d’un sablier en mouvement, pendant que la lumière tombe dans la loge, les frères eux se remplissent de lumière pour pouvoir poursuivre au dehors l’œuvre commencée au dedans et que chacun puisse trouver son chemin selon sa sensibilité.

 

Je terminerai par une citation extraite du traité de l’Azoth de Basile Valentin, donnant une explication complémentaire des premières évocations de l’acronyme V.I.T. R.I.O.L :

« Fais que ce qui est dessus soit dessous, que le visible soit invisible, le corporel incorporel et fais derechef que ce qui est dessous soit dessus, l’invisible rendu visible et l’incorporel corporel, et de cela dépend entièrement de toute la perfection de l’art, où néanmoins habitent la mort et la vie, la génération et la corruption. »

 

Le Temple intérieur et le Temple universel, le conscient et l’inconscient, la raison et la croyance, l’immanent et le transcendant.

Ces dualités opposées et complémentaires s’appellent l’unité, c’est là le but de notre quête initiatique.

 

Alors peut-être sera-t-il possible d’affirmer que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, message explicite du sablier ?

 

T:.S:.

24 0ctobre 6023

 



29/10/2023
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 106 autres membres