Le Symbolisme, outil de Connaissance.


Le Symbolisme, outil de Connaissance.

Les définitions du symbolisme sont multiples…...
J’essaierai d’abord de définir, ici, de quel symbolisme il s’agit.
Et comme il est difficile de parler de symbolisme, sans parler des symboles…j’essaierai de préciser ce qu’est un symbole.
Il faudra dire ensuite dans quelle mesure le symbolisme est, ou peut devenir, un outil …
Et, si le symbolisme est un outil,….. et si il forge une connaissance,…….…dire de quelle connaissance il s’agit !
Communément, le symbolisme est défini en ces termes :
C’est l’emploi des symboles…
C’est la figuration par les symboles …
C’est un système de symboles…
C’est une théorie, de la connaissance et de la science, des symboles et des signes.
Mais, pour nous, maçons, connaître et reproduire des symboles n’est pas une fin en soi,… ce n’est qu’un point de départ, pour une aventure intérieure,… à finalité universelle.
Pour nous, le Symbolisme, que l’on qualifie souvent de symbolisme traditionnel, c’est surtout un mode d’expression, un mode de transmission, au travers du langage des symboles, sur le chemin de l’initiation.Pourquoi traditionnel ?...c’est par ce qu’il se réfère à toutes les traditions…y compris la nôtre, et qu’il permet, depuis la nuit des temps, la transmission des grands principes spirituels auxquels nous sommes attachés.
Ce symbolisme n’est rattaché à aucune époque, il transcende l’humanité historique !
Le symbolisme est une démarche qui tend vers la compréhension de principes qu’il est impossible d’exprimer par des mots.
Le symbole est un mode de représentation d’une idée : c’est un idéogramme.
Bien qu’universel, pour le monde rationnel et scientifique, il ne peut être que logique et langagier.
En effet, les symboles mathématiques, les panneaux de signalisation, ont une signification précise. Et dans ce même ordre, les idéogrammes chinois ont la même fonction langagière quand ils s’adressent, par les mêmes signes, à des populations parlant des langues différentes. (J’ai été frappé, lors d’un séjour en chine, de voir qu’à la télévision, les films chinois… avaient des sous-titres chinois !)
Pour le maçon, au contraire, le symbole traditionnel s’oppose aux signes conventionnels du langage !
L’analogie et la loi de correspondance fondent le langage symbolique.
L’analogie va nous relier à la perception de ce nouvel univers, pendant que la loi de correspondance va nous suggérer que chaque chose est, pour ainsi dire, l’expression partielle d’une Réalité plus haute. Le symbole constitue en quelque sorte, l’expression, à divers degrés, de cette Réalité, qui se situe dans la sphère du sacré et de l’esprit.
Le symbole établit ainsi, la relation entre deux éléments, l’un présent, l’autre absent, qui se reconnaissent, se complètent, et finissent par s’unir pour donner un sens.(Etymologiquement, chez les grecs, il représentait le lieu où les eaux se réunissaient…c’était aussi le nom que l’on donnait aux deux morceaux d’une galette d’argile que l’on brisait, pour qu’ils deviennent un signe de reconnaissance mutuelle.)
Pour nous, le symbole possède un pouvoir interne de représentation…Nous dirons qu’il y a symbole, dès que la représentation suggère une signification qui la dépasse.
Ainsi, tout symbole signifie !...il englobe le signifiant (le pictogramme), et le signifié, (le sens). Il est riche d’un contenu…. nous dirons qu’il introduit à un certain savoir, à une certaine connaissance.
Il ne saurait y avoir dans la pensée symbolique, une signification définitive des êtres et des choses.
Comme le diamant, qui, par ses facettes, brille de mille feux…
…le symbole, par ses interprétations, signifie de mille sens !
Tout symbole appelle donc à un effort d’interprétation et de découverte, dans ce que l’on peut appeler l’apprentissage de la connaissance.
Interpréter….c’est créer sa propre parole ! …c’est une liberté créatrice de sens !
Comme dirait Paul Ricoeur,
« S’inventer autrement pour inventer sa propre liberté ».
Dans sa structure, le symbole est en même temps fragmentaire et englobant.
Il est la part fragmentaire d’une vérité, et en même temps la Vérité qui l’englobe.Cependant, il n’a de sens que par les mille autres fragments qu’il suggère et qui le complètent…… C’est ce que l’on découvre, durant nos travaux en loge, dans le débat avec nos frères, mais aussi en observant notre propre progression, de degrés en degrés, au fil du temps initiatique.
Le symbole révèle toujours l’unité fondamentale des multiples zones du réel. ……… « Réunir ce qui est épars »……( « Révéler le tout »… ……..pour que l’on soit : « Unis vers l’Uni ».)
Le symbole est à l’image de l’homme face à la spiritualité. C’est la rencontre d’un fragment et d’un complément. L’homme, cet être particulier, fini, séparé du reste du monde, est confronté à la totalité, à l’Infini!
Cet être fragmentaire renvoie à son complément.
Saint-Augustin nous aurait rejoint quand il disait : « Oh Dieu…si je me connaissais… je te connaitrai ! »
Le symbolisme, de part sa dimension questionnante, est un outil de la recherche en soi, et de la recherche de soi…
(Il est amusant de constater que le mot outil est formé de deux syllabes : « ou et til »…syllabes questionnantes s’il en est !)
En fait, le symbolisme maçonnique est l’expression de la quête de l’homme qui « cherche… » !
Chercher quoi ?...
Chercher en soi…, cet au-delà de l’être…, cet au-delà des choses…, cet au-delà des mots !
La spiritualité est l’affaire de tous les hommes qui cherchent au-delà des apparences !
Dévoiler …la vérité qui est en toute chose !
La méthode symbolique est une initiation à la spiritualité !Dans ce monde de la technique et de la matérialité, la pensée rationnelle et scientifique s’impose comme seule norme du savoir.
Face aux éblouissements de ce progrès apparent, nous considérons que le symbolisme constitue une approche originale de la modernité, et que les symboles sont des outils qui permettent de forger un mode spécifique de connaissance, pour appréhender les mystères des choses, de la nature, et de la vie.
Tandis que les sciences humaines se limitent aux contingences qui concernent l’individu et son milieu, le Symbolisme initiatique lui, s’adresse à la part d’éternité et d’universalité qui résident dans l’être humain.
Mais, la vérité du symbole ne s’acquière qu’au terme d’une longue démarche initiatique, contraire aux habitudes mentales de cette modernité ambiante. C’est souvent ce qui explique la réserve, voire l’incompréhension du monde profane à notre égard !
Ce type de connaissance ne se transmet pas comme un savoir, elle s’acquière, elle se construit au fil du temps, sur un chemin initiatique, peuplé de symboles.
Transmettre, c’est rappeler le sens de la méthode, et non la signification à attribuer à tel ou tel symbole….
Un jour, un de mes maitres m’a joliment dit qu’il faudrait aborder le symbole, comme on sent un parfum, plutôt que comme on comprend un concept…..
Pour ce faire, il faut abandonner la pensée et la démarche scientifique, trop démonstratrice, et se mettre à l’écoute des suggestions créatrices du coeur… En quelque sorte, … accéder à un autre langage !
C’est le sens du « je ne sais ni lire ni écrire » de l’initié.
Au fur et à mesure de la perception du monde et des choses par la méthode symbolique, la posture créatrice de sa propre parole, à travers l’interprétation des symboles, va permettre d’appréhender cette connaissance….qui n’interdit pas l’acquisition des savoirs.
C’est cette connaissance qui fonde les savoirs. …
Cette connaissance, c’est l’écrin de tous les savoirs.
La route est longue, qui mène à cette connaissance……
Elle est tracée par le travail accompli, nos outils symboliques à la main, sur ce chemin initiatique, qui passe par l’obscure verticalité du « connais-toi toi- même », puis par l’horizontalité étoilée du voyage vers l’autre et vers le monde, et enfin par l’accueil de l’homme nouveau qui renaît de la mort du maitre.
J’ai dit….

Robert Bel:.

V:.M:. de la R:.L:. l'Abbé Grégoire



13/06/2013
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